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Journal de la 1ère année d’éducation : les grands principes
Isa.valcreuse 19 février 2017

Bébé chien deviendra forcément grand

 

La première année est fondamentale à tous points de vue car, outre la croissance, c’est la période durant laquelle les fondations des comportements d’adulte se mettent en place.

Chaque propriétaire doit en avoir pleinement conscience et savoir qu’en fonction de l’effort qu’il aura fourni, ou pas, du mode de communication mis en place, des expériences qu’il aura permises, ou pas, ces fondations deviendront le socle commun de la plupart des agissements de son compagnon. C’est aussi ce qui transforme un tempérament inné en caractère et en personnalité.

 

Une personne canine en devenir

 

S’il a hérité d’un tempérament, généralement celui de ses parents, un chiot ne développe un caractère et une personnalité qu’en fonction des expériences qu’il a vécu pour le caractère et en fonction des situations qu’il rencontre pour la personnalité.

Il est important de se souvenir qu’il y a une base génétique mais que celle-ci n’est qu’un support, un point de départ voué à devenir une tendance la plus fonctionnelle possible. C’est l’avantage d’être une espèce adaptable. Ainsi, si un tempérament lui procure plus de déconvenues que d’avantages, ce tempérament sera modéré. Si on lui démontre que certaines expériences négatives ne le sont peut être pas tant que cela (manipulations, rencontres …) le caractère changera. Et si on veille à le confronter à des situations non anxiogène et agréables, la personnalité qui s’exprimera sera positive.

En tout état de cause, à l’age où l’on adopte son chiot, la personnalité en est encore à son ébauche et on a tout intérêt à agir pour qu’elle devienne sereine, amicale et coopérative. C’est ce que nous allons voir ici.

 

Du modèle dépendra l’élève !

 

La bonne attitude et le bon mode de communication du propriétaire

Les chiens nés dans des conditions défavorables ont le plus de chances de devenir agressifs

Les chiens nés et vivant dans des conditions défavorables ont le plus de chances de devenir agressifs

Les chiens adoptent la “couleur” du langage que nous utilisons. Si nous parlons l’agressivité, ils expriment des comportements agressifs ; si nous parlons l’angoisse, ils expriment des comportements anxieux ; A l’inverse, si nous parlons l’écoute et la tolérance, ils expriment des comportements tolérants et font preuve d’attention et de volonté de comprendre ; si nous parlons l’amitié et la paix, ils expriment des comportements pacifiques et amicaux. De ce fait, lorsque sur les conseils d’un éducateur d’un autre âge, accroché à de vieilles superstitions, un propriétaire se laisse convaincre d’utiliser un collier étrangleur 😯 , nous lui demandons de bien prendre conscience qu’il vient tout simplement de mettre en place un mode de communication basé sur le rapport de force ce qui va forcément exacerber les comportements de même ordre.

 

En éducation canine, on a tendance à se concentrer sur le résultat, c’est à dire sur le comportement du chien. Or il faudrait en premier lieu se concentrer sur le propriétaire. Est-il d’une nature confiante, joyeuse, curieuse ou d’un tempérament méfiant, rigide, colérique … ? dans quelle type de relation se projette t-il avec son chien ? autant de paramètres qui vont, bien plus que les exercices eux même, montrer la route au chien.

hakan-sarah_100117Une bonne attitude lors des séances d’éducation mais également au quotidien (car les chiens apprennent en permanence) consiste à faire preuve de toutes les “qualités” que l’on entend développer chez son compagnon. Dites vous bien que votre langage corporel vous trahit, donne le ton malgré vous et déteint sur votre chien. Travaillez donc votre positive et votre zen attitude, optez pour le sourire, les félicitations (beaucoup) et un regard bienveillant car aucun des comportements que teste, puis adopte votre chien n’a pour but sournois de vous dominer ou de vous contrarier. Bien souvent il ne cherche qu’à vous ressembler ! Une nouvelle fois, parler l’opposition stimule les comportements d’opposition.

 

Objectifs planifiés sont à moitié réalisés !

 

S’imaginer son futur chien

Evidemment il ne s’agit pas de s’imaginer un compagnon idéal mais un compagnon réaliste et surtout un compagnon bien dans ses poils et sa propre tête avant tout.

Au Val de la Petite Creuse et à la Comp’amie des chiens, plus que tout, nous militons pour le respect du bien-être donc nous nous opposons à toute forme d’éducation ou de dressage qui se nourrirait du désir de robotiser un chien, d’en faire un instrument de satisfaction des seuls besoins humains aussi louables soient-il (chiens visiteurs, chiens guide …) dès lors que l’animal doit littéralement s’oublier dans l’histoire et vivre une vie de services.

 

La plupart du temps les propriétaires savent ce qu’ils ne veulent pas comme chien ; leur éducation consistent essentiellement à réprimer des comportements indésirables. Ils réagissent !
N’aurait-il pas été plus simple

1 – de ne pas les stimuler par son attitude et son langage ?

2 – d’anticiper ces potentiels comportements et d’œuvrer en amont pour les éviter ?

les-5-chiensPrenons l’exemple de l’agressivité envers les autres chiens. La plupart des propriétaires ne souhaite pas un chien qui “attaque” ses congénères. Sauf que cette agressivité n’est qu’une solution trouvée pour éloigner une source de malaise et que ce malaise découle presque toujours de la peur. En travaillant le contact agréable, pondéré et régulier avec d’autres chiens de toute taille et de toute apparence dès le plus jeune âge, on enseigne à son animal que la  proximité de congénères n’a pas à être redoutée ce qui posera les fondements des comportements sociaux ultérieurs.

 

L’exemple de l’agressivité peut être transposé à quasiment tous les autres comportements jugés comme indésirables par la plupart des propriétaires.

→ Les aboiements intempestifs s’évitent (si la race n’a pas non plus été sélectionnée sur ses qualités de sentinelle) en familiarisant le chien à tous les bruits, allers et venues qui sont susceptibles de les provoquer ultérieurement afin que ces stimuli deviennent neutres.

→ Les destructions s’évitent en enseignant la solitude très progressivement, en faisant de ces moments d’absence du maître des moments privilégiés de repos ou d’activités en solitaire comme lécher l’intérieur d’un kong® fourré ou gruger un bois de cerf qui ne seront distribués qu’à ces moments là.

→ Les fugues s’évitent en offrant de très nombreuses occasions de découvrir l’environnement et de nourrir ses sens (surtout l’olfactif) au cours de balades variées en compagnie du maître.

Sarah-4chiensEt la fameuse désobéissance, (plus souvent le fait d’une incompréhension de la demande) s’évitent en installant une relation saine et privilégiée fondée sur une confiance indéfectible. Cette confiance se construira dès le plus jeune âge sur des preuves. Il va sans dire qu’un propriétaire incohérent, brouillon, brutal, injuste … forgera dans la tête de son chiot une image d’humain à “fuir” car manquant cruellement des qualités que l’on attend d’un guide pour le suivre ! Ne soyez pas étonné alors que ce chiot se tourne vers un tiers plus inspirant.

 

Lorsque l’on s’imagine son futur chien, qu’on envisage toutes les situations qu’il est à même de rencontrer et donc tous les comportements que l’on souhaite qu’il adopte on a en mains les atouts d’une relation future agréable à tous ; il ne reste plus qu’à travailler dans le bon sens.

 

Construire et consolider étage après étage !

 

Préparer à la vie future et renforcer

 

Comme nous l’avons déjà évoqué, l’erreur la plus fréquente en éducation est de se contenter de réagir aux comportements indésirables de son chien lorsqu’ils apparaissent. Disons que cela peut évidemment s’avérer nécessaire lorsque l’on est pris de court mais avec un minimum de projection on peut s’éviter d’avoir à tenir le rôle désagréable du gendarme répressif.

 

L’origine d’un comportement

Ce dont il faut TOUJOURS se souvenir c’est qu’un comportement ne s’exprime que s’il est initié par un besoin et que si les circonstances sont favorables à son expression. Il n’est pas possible de faire disparaître un besoin et il est souvent compliqué de maitriser les circonstances.

Quelles solutions restent-ils alors ?

Et bien il reste la solution d’agir sur le point du vue du chien et de l’encourager à opter pour un autre comportement si malgré tout besoin et circonstances concordent.

Stimulations involontaires

Dans un premier temps évidemment et comme cela a été évoqué dans le premier paragraphe, il s’agit d’être le moins possible celui qui stimule les comportements que l’on considère comme indésirables (Cette notion est développée dans cet autre article, Relation humain/chien : une affaire de V.i.S.A.G.E).

 

 Rappelez vous toujours que vous êtes CONTAGIEUX !

 

L’arrivée d’un chiot est peut être une occasion inespérée de vous interroger sur vos propres peurs, vos relations aux autres, votre facilité à communiquer et votre propre capacité à écouter, à comprendre sans prêter des intentions négatives … Le chien aura t-il vocation à vous rassurer, à vous aimer inconditionnellement, à vous reconnaître un statut, … ?

Selon le cas, loin d’être toujours pathologique rassurez-vous, sachez que cela aura des répercussions sur sa perception du Monde, sur ses émotions et sur sa fonction dans la famille car tout passera par ce “filtre”. Personnellement, nous sommes convaincues qu’un chien prend très à cœur le rôle qui lui est attribué car il lui faut se sentir utile.

Comportement = adaptation aux circonstances

Montana_velo_100916Dans un second temps, il s’agit d’anticiper les circonstances que le chien est susceptible de rencontrer un jour ou l’autre. En fonction des risques mais aussi des opportunités qu’elles offrent, on a tout intérêt à œuvrer en amont pour en changer l’issue si cette issue est indésirable. Une des solutions qui s’offre à nous est de confronter le chiot à des circonstances atténuées, d’encourager par la pédagogie et de renforcer par la récompense à adopter les comportements qui nous conviennent. Cela signifie que les circonstances de départ doivent être proches de la neutralité et exclure la peur ou la trop forte excitation. Par exemple, le contact avec les congénères se travaille en terrain connu, à distance respectable pour commencer. Cette distance sera diminuée progressivement en fonction de l’aisance, laquelle aisance s’obtient si la présence des congénères est associée à quelque chose de positif (friandises ou jeu avec le maître). Le contact avec des humains différents doit répondre aux même règles ainsi que la proximité d’objets inquiétants et celle d’objets hautement stimulants (proies naturelles par exemple). Il faut par contre se souvenir que pour qu’une familiarisation se produise, une seule confrontation aux circonstances est insuffisante, il en faut plusieurs, au minimum l’équivalent d’une heure ou de plusieurs selon la force du stimulus.

Si un comportement fonctionne, il sera reproduit

Ce qui va inciter à reproduire un comportement en circonstance similaires est le souvenir de son efficience. Pour avoir testé pas mal de comportements et vécu pas mal de situations depuis le plus jeune âge, un chiot a déjà une conscience de ses capacités (et de ses incapacités) et quelques exemples de circonstances en mémoire.

Confronté à une nouvelle situation, il sera naturellement enclin à la comparer à sa base de données et à reproduire le comportement efficient qu’il avait adopté en circonstances similaires.

C’est ainsi que l’agression de distancement éprouvée sur un frère ou une sœur devient son choix N°1 en cas de besoin de distance si cela a été efficace par le passé. Le comportement est devenu le comportement référence. Cela marche dans l’autre sens aussi. Si la fuite ou si l’émission de signaux d’apaisement lui a permit de désamorcer un conflit et d’obtenir la paix, en situation similaire, ces comportements deviendront les choix N°1.

Changer la donne

Pour autant le chien n’est pas condamné à reproduire ses premiers comportements efficients.

Par l’éducation il est possible – et c’est l’idée – de lui enseigner des alternatives tout autant efficaces et de les faire devenir les choix N°1 en les renforçant.

C’est là que l’usage du clicker training peut s’avérer d’un grand intérêt, lorsqu’il faut rééduquer un animal ayant pris des mauvaises habitudes de comportement. En fait pour qu’un comportement alternatif devienne privilégié et efface l’habitude antérieure il faut qu’il soit doublement efficient : il faut qu’il produise le résultat escompté + qu’il procure une satisfaction de l’ordre du plaisir.

Match-Montana_170916Mais avant d’en arriver à la rééducation, il y a l’éducation et l’éducation permet de créer exactement les même préférences comportementales en fonction de l’efficience simple ou double, de créer des habitudes qui viendront effacer les tendances.

Une erreur trop fréquente est de négliger ce moyen presque “magique” d’influer sur le choix du chien. On se contente souvent de l’efficience simple alors qu’en venant récompenser un comportement efficient on le renforce doublement.

Prenons l’exemple du “pipi dehors”. Se soulager est parfaitement efficient où qu’on se soulage. Si se soulager dehors rapporte une friandise, le choix du dehors va vite s’imposer !

Mais au delà du conditionnement il existe un avantage souvent sous estimé à l’usage du renforcement positif : il développe les capacités cognitives.

Reprenons le “pipi dehors”. Lorsque l’on ajoute un friandise au fait de se soulager en extérieur on enseigne une autre solution à la problématique du besoin d’élimination. Reproduit en de multiples circonstances de la vie quotidienne où le chien sera invité à proposer une autre attitude et félicité de l’avoir fait, on créé petit à petit un goût pour la réflexion et la recherche d’alternatives. L’air de rien on développe son répertoire comportemental ce qui lui ouvre de nombreuses portes qui elles même en ouvriront d’autres. Voilà qui constitue un projet de vie autrement plus stimulant et enrichissant que la basique survie en sécurité dans un groupe familial 😉

L’approche cognitiviste en matière d’éducation est ici introduite. Apprendre à apprendre. C’est certes un autre débat mais c’est aussi ce qui est susceptible de réconcilier les “anti-dressage” avec les joies de l’enseignement. (Clin d’œil à celles et ceux qui pensent faire le bonheur de leur compagnon à les laisser vivre leur vie de chien SANS rien leur demander)

 

En conclusion …

 

La réussite du projet éducatif en vue d’une bonne intégration de votre compagnon dans votre famille ne dépend que de vous et des moyens que vous aurez mis en œuvre.

Moindres ou contre productifs ils construiront une personnalité canine à l’écoute de ses besoins élémentaires de survie en milieu hostile, donc un animal sur la défensive et réactif.

Adaptés à sa psychologie, emprunts de respect, de bienveillance, encourageants ils construiront une personnalité canine à l’écoute de ses besoins supérieurs, ses besoins affectifs et d’épanouissement parce qu’il est en confiance dans son environnement, donc un animal serein, curieux et coopératif.

A vous de choisir 🙂

 

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