Un esprit sain dans un corps sain
Notre programme de reproduction a pour but de répondre aux attentes légitimes des familles : adopter un berger allemand qui fera leur fierté et leur bonheur.
Nous tenons à être claires et transparentes dès le départ afin qu’aucune méprise ne s’installe et se fasse le lit de mauvaises relations ultérieures. Car nous estimons que notre rôle ne s’arrête pas à faire naître un chiot, l’élever puis le confier mais à le suivre, accompagner ses propriétaires au besoin et faire évoluer continuellement notre programme de reproduction en fonction de cela.
Qui dit programme, dit analyses, réflexions et décisions. Nous avons donc chercher à analyser ce qui rend le berger allemand attrayant mais aussi ce qui le rend beaucoup moins attrayant. Nous avons réfléchi longuement à notre responsabilité en tant qu’éleveur, à nos possibilités d’action pour améliorer la morphologie, la santé et le caractère des chiens qui naissent chez nous. Cela a donné lieu à des mesures exposées ici.
La question de la morphologie du Berger Allemand
Nous nous en tenons au standard en ce qui concerne la sélection de la morphologie. Le standard nous laisse une certaine marge de manoeuvre en matière de tailles, proportions et angulations qui donnent au Berger Allemand sa silhouette.
Nous recherchons une silhouette harmonieuse sans excès caractéristique de la race sans verser dans l’inclinaison abusive de la ligne de dos ni la fermeture excessive des angles au niveau de l’arrière-main.
Nos chiens, en tant que parents de nos chiots, sont conformes au standard et peuvent tous prétendre au qualificatif excellent ou très bon s’ils concourraient en exposition. Par contre aucun ne pourrait gagner ni même monter sur le podium compte tenu de ce qui est valorisé. C’est une des raisons pour laquelle nos chiens ne font pas d’expositions. L’autre raison est que ce n’est pas une activité qui satisfait leurs besoins et qu’elle ne leur procure aucun plaisir. A quoi bon aller montrer ses chiens à des juges qui ne partagent pas notre conception, ni la conception des familles, sur la morphologie idéale d’un berger allemand ?
Si notre programme de reproduction repose sur la conformité au standard, et donc le passage obligé par la confirmation, il ne repose pas sur les résultats en expositions. Nous ne cherchons pas à valoriser nos chiens avec des titres de champion de tataouïne ni avec des ascendances auréolées de gloire.
Taille, puissance, couleur, longueur des poils et tête
La sélection sur la conformité au standard implique de s’en tenir aux limites fixées par le dit standard. Cela pose quelques fois des problèmes lorsque la demande et les attentes des familles diffèrent.
C’est le cas pour la taille et la puissance.
La limite de taille fixée par le standard est de 65 cm pour un mâle et 60 cm pour une femelle. Lorsque l’on présente un chien dans la taille, la réaction est généralement « oh mais il est petit ! » et les personnes se tournent vers nos chiens un peu hors standard en disant « voilà, ça c’est un Berger Allemand ! » Un dilemme se pose alors : Devons nous suivre le standard ou suivre la demande ?
Nous avons fait le choix du compromis en restant sur le fil, à la limite supérieure du standard. Nous nous exposons au risque de donner naissance à des chiots qui deviendront des adultes non confirmables mais nous le disons. La confirmation n’ayant de toute façon d’intérêt que pour qui fait reproduire son chien et la reproduction étant règlementée (voir le métier d’éleveur), il est rare que cela affecte la fierté et le bonheur d’avoir un berger allemand chez nos familles.
La puissance est une impression très subjective mais elle est fréquemment en lien avec la taille. Un berger allemand puissant est rarement petit. Un très grand chien n’est pas obligatoirement puissant cela dit aussi. Une musculature développée donne une impression de puissance. Une grosse ossature donne également une impression de puissance. En prenant garde de ne pas verser dans le type molossoïde, nous sélectionnons toujours nos chiens parmi les costauds. Le revers de la médaille est que la croissance sera surement plus délicate. Une nouvelle fois nous le disons afin que cette croissance soit parfaitement gérée.
Le standard autorise une multitude de couleurs chez le Berger Allemand. Finalement seul le blanc est exclu tandis que le manque de pigmentation est considéré comme un défaut mais n’est pas rédhibitoire. Personnellement nous avons un faible pour les « noir et feu » soutenus. Nous avons également un faible pour les « gris » ou « gris-loup » qui n’ont rien de gris soit dit en passant mais présentent une base fauve charbonnant au niveau du manteau et du masque. Nous avons donc des chiens de couleur « noir et feu » soutenus ainsi que des chiens « gris-loup« .
Bien que le « poils longs » soit désormais reconnu comme une variété du Berger Allemand, et que nous les trouvions très beaux, nous ne sélectionnons pas cette variété. Nos chiens sont tous à poils courts avec un épais sous-poil et un poil de recouvrement fourni. Le Berger Allemand n’est pas à poil ras comme le serait un braque, un boxer. Il est habillé pour résister aux intempéries … et donner du boulot à l’aspirateur 😀
Enfin, en ce qui concerne la tête, et chez le Berger Allemand la tête est importante pour ne pas dire essentielle puisqu’elle donne son type au chien, personnellement nous avons un faible pour les « bonnes grosses bouilles ». Selon nous la tête doit être massive et large sans pour autant ressembler à un molosse. Elle est et doit rester lupoïde (ressembler au loup). Elle doit avoir un stop légèrement marqué sans présenter de cassure nette entre le front et le museau. Elle doit indiquer si on a affaire à un mâle ou une femelle au premier regard. Mais surtout elle doit être in-confondable avec une autre race ! Si le doute est possible entre un berger allemand et un berger belge, il y a un problème. Si le doute est possible entre un berger allemand et un Léonberg, il y a un problème. Evidemment elle doit être surmontée de 2 oreilles droites proportionnées en taille à la largeur et la longueur de la tête. Nous y veillons particulièrement et c’est d’ailleurs ce qui freine toute escalade au niveau de la taille et de la puissance. Nos chiens ont les oreilles qui se dressent naturellement et hormis chez certains chiots particulièrement grands et puissants, souvent à poils longs, nous ne déplorons que très peu de problèmes d’oreilles.
Au fil des générations, et à condition d’élever en linebreeding c’est à dire en travaillant sur ses lignées, un élevage qui suit un véritable programme de reproduction se reconnait par l’homogénéité en termes de silhouette, taille, puissance, proportions, couleurs et têtes de ses chiens. Lorsqu’il devient difficile de les reconnaître individuellement sans porter une attention particulière aux détails, c’est gagné. Nos chiens ont un air de famille indéniable les uns avec les autres. Cet air de famille comble nos goûts mais aussi le goût des personnes qui viennent chez nous adopter un chiot. C’est probablement que notre programme de reproduction sur le plan de la morphologie est satisfaisant.
La question de la santé du Berger Allemand
Vivre en bonne santé est un droit pour les chiens. Il est donc du devoir des propriétaires de les maintenir en santé ce qui exclu les soins inadaptés. Nous insistons sur le fait que si notre programme de reproduction inclut une sélection des reproducteurs en fonction de critères de rusticité, longévité et absence de pathologies, il ne peut palier à un environnement néfaste ou à un mode de vie délétère.
Ceci dit, la santé dépend également de la génétique. Et c’est à ce niveau que nous oeuvrons.
La rusticité
En tant que race bergère historiquement destinée à conduire et garder un troupeau, le Berger Allemand est une race rustique. La rusticité signifie que dans un environnement normal et avec un mode de vie normal, le chien ne souffrira pas et ne déclarera pas de pathologie. Cela ne signifie pas qu’il puisse vivre exposé aux pires rudesses climatiques, qu’il puisse se satisfaire d’une alimentation bas de gamme et encore moins qu’il puisse subir sans que cela n’ait de conséquences des mauvais traitements.
Chez le Berger Allemand, la rusticité va de pair avec une bonne accommodation avec le froid sous nos climats tempérés, une bonne résistance à l’effort, l’absence de fragilités et de pathologies héréditaires et une bonne capacité à se reproduire sans aide humaine (nous mettons cela dans la rusticité chez nous) etc. etc. Cela exclut donc de la reproduction en ce qui nous concerne les mâles ne saillissant pas seuls, les femelles ne parvenant pas à mettre bas naturellement, les mamans dépourvues d’instinct maternel, les chiens fragiles ou souvent malades et les chiens exprimant des pathologies héréditaires avec les nuances qui s’imposent bien sûr puisque tout ceci est à relativiser à l’environnement et au mode de vie qui doivent être normaux.
Petite précision : exclure des chiens de notre programme de reproduction ne signifie pas les exclure de notre famille. Nous revenons sur ce sujet en fin de page.
La longévité
En tant que race classée parmi les races moyennes à grandes, le Berger Allemand a une espérance de vie proche des 10 ans. Nous avons plutôt tendance à dire entre 10 et 12 ans mais nous oeuvrons chez nous pour qu’elle atteigne 13 ans (plus serait notre voeu le plus cher). L’espérance de vie est à mettre en parallèle de la qualité de vie. Un chien mal nourri, mal soigné, exposé à un environnement néfaste, exploité par un travail, mal traité, médicamenté pour tout et rien … se verra amputé d’une part de son espérance de vie sans que sa génétique en soit la cause.
La sélection sur la longévité tient donc en grande partie à la maitrise de tous ces paramètres qui peuvent la diminuer et fausser les données à laquelle on se doit d’ajouter le fait de garder ses chiens jusqu’à leur dernier souffle. Il est clair qu’un éleveur qui se débarrasse de ses improductifs a peu de chance de savoir comment et jusqu’à quel âge ses chiens ont vécu ! Qu’il ne prétende pas sélectionner la longévité !
Notre toute première chienne d’élevage Laïka a vécu jusque l’âge de 10 ans et demi sans jamais souffrir d’aucune maladie durant sa vie. Elle est partie un soir de novembre dans son sommeil d’un arrêt du coeur. Sa fille Oxana, à la base de notre lignée historique, est partie la veille de son douzième anniversaire. Elle avait déclaré une tumeur mammaire à 10 ans et demi, trop tard pour être opérée. Ce fut son seul problème réel de santé hormis le fait qu’elle ne supportait pas les croquettes LOL. A l’époque nous étions encore dans la croyance que c’était ce qu’il y avait de mieux. Notre chienne Tissia, petite fille de Laïka a vécu jusque 13 ans. Idem pour Tequila. Uwénia a succombé à un hémangiosarcome à un peu plus de 8 ans. Sa fille Auxana a succombé à un AVC à 10 ans et demi. Hugo est un cas particulier puisque c’est une dilatation-torsion de l’estomac qui nous l’a arraché à 4 ans et demi. Sa mère Elona est toujours parmi nous au moment où nous écrivons ces lignes. Elle s’approche des 13 ans et ne souffre toujours de rien sauf d’un peu d’arthrose lié à l’âge et des séquelles d’un accident la privant de l’usage normal de sa patte avant gauche. Sa mère Bacha nous a quitté à 12 ans et demi, elle aussi des suites d’une tumeur mammaire apparue trop tard pour l’opérer. Si nous déplorons 3 tumeurs, nous n’avons pas perdu nos chiens de ces maladies prétendument fréquentes chez le Berger Allemand. Aucun hémophile, aucun atteint de myélopathie dégénérative, aucun atteint d’une dysplasie si sévère qu’elle exige une prothèse ou l’euthanasie. Nous avons bien eu un insuffisant pancréatique mais il provenait d’un autre élevage et n’a pas reproduit bien sûr. Nous avons aussi compté une épileptique qui n’a pas reproduit non plus. Toute cette expérience (nous avons des bergers allemands depuis 1986) nous a amené à prendre un ensemble de mesures destinées à opérer une réelle sélection sur la longévité. Parmi ces mesures on compte le changement d’alimentation, de méthodes de prophylaxie, l’amélioration du mode de vie afin de ne pas impacter négativement l’espérance de vie. La sélection a ensuite consisté à choisir les parents de nos chiots uniquement parmi des chiens exempts de pathologies connues ce qui a été rendu possible grâce à l’analyse des lignées et des cas rapportés de problèmes et grâce aussi à la pratique systématique de tests quand ils existent. Aujourd’hui certains courants de sang sont absents de notre cheptel. Ce n’est pas sans raison. Aujourd’hui certains de nos chiens ne reproduisent pas. Ce n’est pas sans raison non plus.
Les maladies héréditaires
Le Berger Allemand est réputé, à tord certaines fois et à raison d’autres fois, prédisposé à certaines pathologies héréditaires. Parenthèse importante : héréditaire et congénital sont deux choses différentes. Une pathologie héréditaire se transmet génétiquement tandis qu’une pathologie congénitale apparait durant la gestation comme une sorte de bug dans la programmation. Aucun programme de reproduction ne peut préserver d’une pathologie congénitale. Evidemment on peut éviter de les provoquer en offrant un environnement favorable à la maman et en lui évitant d’être exposée à des substances dangereuses ou du stress mais ce ne sera jamais du 100%.
Nous ne prétendons pas garantir l’absence de maladie héréditaire. Il nous faudrait pour cela disposer de tests génétiques pour toutes les maladies susceptibles de frapper le Berger Allemand. Nous n’avons d’ailleurs à notre disposition que très peu de moyens de protéger nos chiens et vos chiens contre cela. Mais nous mettons tout en oeuvre pour limiter le risque au maximum. Les pathologies pour lesquelles nous avons un véritable protocole de lutte sont au nombre de 4 :
- il s’agit de la dysplasie coxo-fémorale et de sa cousine la dysplasie des coudes,
- la myélopathie dégénérative responsable de la paralysie du train arrière,
- l’insuffisance pancréatique
- et l’ensemble des problèmes digestifs rassemblés sous les termes de maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI).
Nous prêtons évidemment attention à toutes les pathologies mais ne leur faisons pas la chasse effrénée comme nous la faisons à ces pathologies là. C’est la fréquence qui nous sert de signal d’alarme. Un cas exceptionnel va nous faire réfléchir. Plusieurs cas vont nous faire agir au plus vite.
La dysplasie coxo-fémorale
La pathologie héréditaire qui intéresse la majorité des familles future adoptante d’un Berger Allemand est la dysplasie coxo-fémorale. A ce sujet il est intéressant de savoir que le Berger Allemand est loin d’être la race la plus affectée par ce problème (voir les statistiques de l’OFA). C’est parce cette pathologie a été découverte chez le Berger Allemand et que c’est la première race a avoir mis en place un protocole qu’il a été étiqueté dysplasique.
A ce jour seul un protocole de radiographie permet d’évaluer l’état de l’articulation de la hanche et de classifier les chiens en 5 stades allant du normal au sévère. Seuls les chiens normaux, presque normaux et légèrement atteints sont jugés aptes à reproduire même si rien n’interdit de faire reproduire un chien moyennement ou sévèrement atteint.
Chez nous seuls les chiens notés A ou B ont accès à la reproduction.
Cependant un problème se pose avec le protocole car il est loin d’être totalement fiable. A force de voir des aberrations dans les interprétations nous avons choisi d’opter pour la double lecture des radios. Nous envoyons donc nos radios au lecteur français et à l’OFA, un organisme américain totalement indépendant ayant recours à une interprétation en triple aveugle (par 3 vétérinaires différents sans informations sur l’animal). Ainsi nous avons davantage de certitudes quant à l’état réel des hanches de nos chiens.
La dysplasie des coudes
Concernant la dysplasie des coudes, nous suivons le même protocole (radios interprétées par deux organismes) avec plus de souplesse au niveau de l’accès à la reproduction et cela pour trois raisons.
La première raison est que la dysplasies des coudes est non invalidante comparée à la dysplasie des hanches. Elle provoque généralement quelques boiteries durant la croissance qui disparaissent à l’âge adulte, voire elle est totalement asymptomatique. Si une intervention chirurgicale s’avère nécessaire, cette intervention est relativement simple et peu invasive et ne nécessite pas de soins post-opératoires complexes et longs.
La deuxième raison est que la recherche de la dysplasie des coudes chez le Berger Allemand est récente (une vingtaine d’années) comparée à la recherche de la dysplasie des hanches. L’éradication d’une pathologie au niveau d’un cheptel est un long travail qui ne peut pas reposer sur l’interdiction systématique de reproduire au risque d’appauvrir considérablement le patrimoine génétique d’une race. Or la richesse génétique est ce qui préserve de l’émergence de certaines pathologies héréditaires. Sans richesse génétique on est condamné à la consanguinité avec le risque d’apparition de maladies autosomales récessives.
La troisième raison est que la dysplasie des coudes regroupe en fait 4 dysplasies différentes dont l’hérédité pose question. Elle regroupe la non union du processus anconé, la fragmentation du processus coronoïde, l’incongruence articulaire et l’ostéocondrite dissécante du condyl. Ces dysplasies sont le résultat d’une anomalie du développement de l’articulation du coude, lequel dépend fortement de facteurs extérieurs tels que l’alimentation et l’activité physique.
Dysplasie des hanches et dysplasie des coudes sont des affections dites multigéniques et multifactorielles. Elles ne peuvent donc pas faire l’objet d’une sélection génétique puisque les gènes incriminés ne sont pas tous connus, qu’il n’existe pas de tests génétiques pour les rechercher et que les facteurs extérieurs tels que l’alimentation durant la croissance, le surpoids, l’activité physique, le mode de vie et les éventuels traumas (particulièrement pour la dysplasie du coude) faussent les données. La radiographie n’a d’intérêt que pour révéler des éventuelles dysplasies et leur stade qu’il faudra ensuite relativiser en fonction des facteurs extérieurs. Un stade C, D ou E, en ce qui concerne les hanches, malgré une alimentation parfaite durant la croissance (c’est à dire une alimentation peu grasse, d’origine animale et riche en nutriments bio-disponibles), un mode de vie adapté et aucun trauma, indique la présence des « mauvais » gènes dans le patrimoine génétique du chien parfois même alors que ses deux parents étaient sains. Il doit donc être exclu de la reproduction car il a toutes les chances de les transmettre à sa descendance. Un stade D ou E, en ce qui concerne les coudes est beaucoup moins révélateur selon la dysplasie diagnostiquée. Une non union du processus anconé, par exemple, est fréquemment le fait de traumatismes avant l’âge de la fusion. Les autres dysplasies dépendent grandement de la croissance. La croissance répond à des lois comme la loi de Wolff qui dit que la croissance osseuse répond à la pression mécanique. En outre, une dysplasie bi-latérale est plus inquiétante qu’une dysplasie uni-latérale.
L’alimentation est d’ailleurs probablement le pire facteur environnemental. Trop riche en énergie, elle créé du surpoids et accélère la croissance ce qui est délétère pour le développement des articulations. Pauvre en vitamine C et en certains acides aminés essentiels (alimentation industrielle), elle pose la question de la synthèse du collagène (ligaments) et des tissus conjonctifs qui constituent le cartilage, Pour ces raisons, la radiographie des coudes ne sert quasiment à rien hormis à savoir si le chien est atteint et prendre des mesures pour freiner la dégradation de l’articulation. Le protocole de lutte contre cette affection est encore plus empirique que celui de la lutte contre la dysplasie des hanches.
La myélopathie dégénérative
Il s’agit d’une pathologie héréditaire pour laquelle un test génétique existe. Il n’y a donc aucune raison pour que cette maladie autosomale récessive perdure puisque les chiens porteurs du double allèle muté peuvent être identifiés comme tel et exclus de la reproduction.
Mais pour cela il faut faire des tests ! Notre seul conseil est de fuir tout éleveur qui ne fait pas tester ses chiens.
Chez nous tous les chiens sont testés, autant les mâles que les femelles.
Chaque accouplement garantit l’absence d’expression de la myélopathie puisqu’au moins un parent est homozygote sain, souvent même les deux.
La myélopathie dégénérative fait partie de ces pathologies dont les conséquences, la paralysie inéluctable du train arrière, contribue à faire croire que le Berger Allemand est condamné à cette issue. Souvent l’amalgame entre ligne de dos, dysplasie des hanches et myélopathie dégénérative est fait alors qu’elles n’ont aucun lien de cause à effet. La myélopathie est une atteinte du système nerveux tandis que la dysplasie est une atteinte du système articulaire et que la ligne de dos est une conséquence de l’élévation du garrot (allongement du bras) conjugué à un rabaissement de l’arrière (allongement du fémur + diminution de l’angle au niveau de la « cheville » du chien). Si la ligne de dos descendante a une incidence sur l’appareil ostéo-articulaire, elle n’est en rien responsable de la paralysie du train arrière.
L’insuffisance pancréatique exocrine d’origine héréditaire
Le Berger Allemand est réputé prédisposé à cette maladie. Elle est considérée comme une maladie probablement autosomale récessive comme la myélopathie dégénérative à la différence que le gène incriminé n’a pas été identifié et que le mode de transmission reste hypothétique. De ce fait il est impossible de faire une sélection génétique par identification des porteurs du double allèle muté. Cela n’empêche pas de faire une sélection sur l’absence d’expression de la maladie (comme pour la dysplasie des hanches) même si cela n’écarte pas les « hétérozygotes » de la reproduction.
Une des caractéristiques de l’insuffisance pancréatique exocrine d’origine héréditaire est d’affecter des individus jeunes. Ainsi en présence des symptômes de la maladie avant l’âge de la reproduction, il est possible d’exclure l’individu en question du programme de reproduction et de réfléchir à l’accouplement ayant donné naissance à cet individu afin d’éviter par la suite le mariage des deux parents, voire des deux lignées.
L’insuffisance pancréatique exocrine n’est pas toujours héréditaire. Elle peut être une conséquence de pancréatites chroniques, elles même conséquences de pancréatites aigües. Dans ce cas elle apparait tardivement et c’est davantage à l’alimentation que ces différentes pathologies sont dues. Ce type d’insuffisances n’affecte pas notre programme de reproduction même si la sensibilité de l’organe nous interpelle et nous amène à prendre des décisions d’exclusion de la reproduction dans certains cas. Etant donné que nous recherchons la rusticité, un chien ayant tendance aux problèmes digestifs ne correspond pas à nos critères. C’est encore plus vrai quand ces problèmes débouchent sur une MICI.
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)
Ce terme regroupe plusieurs pathologies ayant pour point commun de générer des troubles gastro-intestinaux de type malabsorption et maldigestion. Les MICI ou ECI pour Entérite Chronique Idiopathique chez le chien sont l’équivalent des ECI chez l’homme que l’on décrit dans la Maladie de Crohn ou la rétro-colite hémorragique.
Toute la difficulté réside dans l’attribution de cette malabsorption/maldigestion à une déficience de l’appareil digestif et immunitaire ou à une autre cause (qualité de l’alimentation, sensibilité alimentaire, parasitisme, flore intestinale appauvrie, stress chronique …) étant donné les effets inflammatoires de bon nombre de mauvaises habitudes de soin. On sait toutefois que le Berger Allemand est prédisposé à l’entéropathie chronique, une ECI avec infiltration par des lymphocytes et plasmocytes et que cette maladie a une composante héréditaire encore indéterminée à ce jour. La sélection sur l’absence d’expression d’une MICI a donc du sens dans un programme de reproduction comme le nôtre. Mais compte tenu du manque de moyens à notre disposition et de l’expression tardive de la maladie (entre 4 et 8 ans), nous sommes obligées de nous contenter d’éviter certaines lignées et certains reproducteurs connus pour avoir des désordres digestifs.
La question du caractère du Berger Allemand
Le caractère d’un chien est davantage le résultat d’une éducation et d’un mode de vie que celui d’une sélection. Toutefois certains traits ont évidemment une composante héréditaire sinon les races en tant que tel n’existerait pas.
On retrouve chez le Berger Allemand plusieurs prédispositions comportementales communes avec toutes les races de chien de berger telles que la tendance innée à conduire et rassembler et la tendance innée à surveiller, prévenir et dissuader. Ces tendances sont le reliquat de séquences comportementales amputées de l’expression de certains pattern moteur par sélection empirique d’individus ne les ayant pas exprimé. Désormais on sait que le caractère n’est pas héréditaire comme l’est une couleur, une taille ou une pathologie. Seuls les pattern moteur le sont ainsi que certains gènes codant la précocité, l’intensité et la fréquence de l’expression de ces pattern moteur.
Pour en savoir plus sur ce sujet, nous vous invitons à lire l’article que nous avons publié sur la génétique des comportements
L’Amitié avec l’humain
L’amitié avec l’humain ne se sélectionne pas. Elle se créé ! Nous n’en sommes plus au stade de la domestication et les bases pour une amitié avec l’humain sont naturellement présentes en chaque chien surtout de berger puisqu’il a été sélectionné depuis toujours pour seconder son berger dans sa tâche. Cependant un travail de familiarisation doit être fait dès le plus jeune âge. Certains parlent même d’imprégnation.
Nous vous renvoyons vers notre programme d’élevage des chiots pour savoir comment nous procédons pour créer cette amitié avec l’humain.
La sérénité
La sérénité ne se sélectionne pas vraiment, elle se créé en grande partie. Toutefois cette sérénité dépend aussi de la génétique en ce qui concerne la sensibilité aux stimuli (l’excitabilité). Plus un chien est sensible, excitable, plus il aura tendance à réagir. Plus un chien a tendance à mettre de l’intensité dans ses actes, plus il aura alors tendance en plus à sur-réagir. Mais plus un environnement est connu, plus il devient neutre. C’est ainsi que l’on met en place une certaine sérénité, en permettant au chien d’être en terrain connu le plus souvent possible parce qu’il aura été familiarisé très tôt à de nombreuses situations.
Nous vous renvoyons vers notre programme d’élevage des chiots pour savoir comment nous procédons pour générer la sérénité.
La serviabilité
Voilà encore un trait de caractère qui ne se sélectionne pas réellement mais se créé et s’entretient. Plus un comportement apporte de la satisfaction, plus il aura tendance à se reproduire. C’est une loi des apprentissages ! Selon nous la serviabilité dépend en grande partie du rôle que le chien tient dans sa famille humaine. S’il s’y sent intégré, aimé et en sécurité il sera naturellement enclin à répondre positivement aux demandes de sa famille. Le chien est une espèce grégaire « programmé » pour travailler avec ses congénères. Cependant il est assez évident que la sélection a aussi fait son oeuvre chez les races bergères puisque celles-ci ont une tendance assez nette à se mettre au service de l’humain. Nous nous efforçons de conserver cette prédisposition allant souvent de pair avec une certaine dépendance à son être d’attachement. Le revers de la médaille est la difficulté à rester seul et à ne rien faire.
La pondération
La pondération se sélectionne mais elle se sélectionne de façon empirique. La pondération est en quelque sorte l’inverse de l’intensité et la fréquence que l’on sait être codées par des gènes même s’ils ne sont pas déterminés et recherchés lors des tests génétiques. Cependant il est assez facile de repérer dans une portée des chiots tardant à poursuivre ou à saisir. De même qu’il est aussi facile de remarquer avec quelle intensité ils auront recours à la morsure. Nous sélectionnons donc nos reproducteurs parmi ces chiots afin d’avoir plus de chances d’obtenir des adultes pondérés.
Nous vous renvoyons vers notre programme d’élevage des chiots afin de savoir ce que nous faisons ensuite pour entretenir cette pondération ou la susciter pour qu’elle régule les comportements.
La curiosité
La curiosité est un trait de caractère naturel. Nous n’avons rien à faire de ce coté là hormis ne pas l’éteindre. La peur est ce qui freine ou éteint la curiosité. Nous mettons donc toujours tout en oeuvre pour que la peur soit absente ou modérée chez nos chiens. Evidemment nous n’échappons pas aux règles du développement comportemental qui prévoit des périodes sensibles et des phases de peur ayant pour rôle de tempérer les comportements exploratoires mais nous serons jamais source de cette peur. D’autre part, nous permettons à nos chiens de faire connaissance avec des environnements variés et riches qui stimulent et nourrissent leur curiosité. Ils servent ainsi d’exemples à nos chiots ce qui stimule et nourri leur propre curiosité naturelle.
Une nouvelle fois nous vous renvoyons vers notre programme d’élevage des chiots afin d’en savoir plus sachant qu’en tant que futur être d’attachement d’un chiot vous aurez à poursuivre ce travail de stimulation de la curiosité.
Les parents de nos chiots
En résumé :
- les parents de nos chiots sont conformes au standard sans excès. Ils sont plutôt grands et puissants à poils courts mais fournis et d’une couleur noir et feu soutenue ou fauve charbonné
- Ils sont sains sur le plan ostéo-articulaire et en bonne santé. Ils sont également à minima porteur des mutations de gènes à l’origine de certaines affections plus ou moins fréquentes chez le Berger Allemand (Insuffisance pancréatique exocrine, myélopathie dégénérative, sensibilité médicamenteuse, alopécie des robes diluées …). Concernant les autres affections pour lesquelles nous n’avons aucun moyen de dépister les prédispositions, nous sommes à l’affut de l’expression de ces affections. C’est pourquoi nous suivons nos chiots toute leur vie et prions les familles de nous tenir au courant de toute atteinte de leur état de santé afin de prendre des dispositions vis à vis de leurs parents si cela se justifie.
- Ils ont également ce caractère particulier et recherché chez le berger allemand ; un attachement fort à sa famille et une absence d’agressivité vis à vis de l’humain en situation normale, une totale sérénité dans leur environnement connu et assez peu d’inquiétudes dans les environnements moins connus, une certaine serviabilité et un goût plutôt prononcé pour prendre en charge des tâches faisant partie de leur répertoire comportemental inné ou modifié par l’éducation, une relative pondération selon les lignées que nous nous attachons à augmenter génération après génération et une saine et naturelle curiosité.
Et pour ceux qui ne remplissent pas tous ces critères fondamentaux à nos yeux ?
Et bien ils ne reproduisent pas tout simplement !
Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas leur place chez nous mais ils seront « affectés » à un autre rôle si la vie que nous leur offrons leur convient. Ils participeront à l’éducation des chiots en leur donnant le bon exemple. Ils nous tiendrons compagnie ou tiendront compagnie à l’un de nos chiens avec qui ils ont tissé des liens forts. Ils surveilleront notre propriété et dissuaderont d’éventuels intrus d’y pénétrer. Ils représenteront fièrement la race et montreront ce qu’est un Berger Allemand etc. etc.
Dans certains cas cette vie en communauté et ces rôles que nous leur permettons d’avoir ne leur convient pas. Cela ne s’inscrit pas dans leur plan de vie. C’est alors et seulement alors que nous envisageons de leur trouver une autre famille qui leur permettra de s’épanouir pleinement et de donner du sens à leur existence. C’est l’un des inconvénients d’un élevage : nous ne pouvons être à 100% avec chaque chien et il doit nous partager avec les autres. Certains s’en accommodent. D’autres pas du tout et nous devons nous oublier si cela va à l’encontre du bonheur ou du bien-être de notre chien.
Lorsque le lien ne se tisse pas, lorsque notre environnement ou notre mode de vie ne conviennent pas ou lorsque l’opportunité de vivre une plus belle existence avec une famille à 100% pour lui se présente, nous nous effaçons car la reproduction ou tout autre rôle chez nous est secondaire. C’est également vrai dans l’autre sens. Lorsque l’attachement est fort, lorsque notre environnement est ce qui le sécurise et que notre mode de vie est parfait pour lui, nous restons sa famille à vie, qu’il reproduise ou pas.