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Le relationnel humain/chien
Qu’on le veuille ou non en matière de relationnel notre visage au sens large a bien plus d’effet sur notre interlocuteur que n’importe lequel de nos actes ou de nos mots.

Par visage, il ne faut pas entendre simplement la figure, la face arborant un large sourire ou des sourcils froncés, mais plutôt notre état d’esprit général avec ses intentions, ses peurs, ses croyances, ses mécanismes de pensée, ses références, sa conscience … tout ce qui nous caractérise mentalement parlant.

En fonction de cet état d’esprit et selon la maitrise, ou pas, que l’on a de certains aspects, le visage que l’on offre à son interlocuteur va laissait paraître, ou non, certains traits qui une nouvelle fois ne se limitent pas à des manifestations visibles mais prennent de nombreuses voies pour s’exprimer.

C’est là que l’arsenal sensoriel de nos compagnons canins leur donne une longueur d’avance et leur permet de prendre connaissance, au delà de notre propre conscience, de ce qui nous anime, nous effraie, nous guide et parfois même nous pousse au pire sans que nous n’ayons à prononcer une seule phrase ou faire un seul geste.

 

 

Le visage de l’humain ou le visage du chien est composé d’autant de facettes qu’il a de défis à relever pour survivre au cours de son existence. L’idée n’est donc pas de les analyser toutes puisque ce serait impossible.

Par contre 4 V.i.S.A.G.E s nous intéressent tout particulièrement tant ils impactent le relationnel humain/chien, 4 V.i.S.A.G.E s que nous nous sommes essayées à schématiser en nous inspirant du schéma de Holmes (voir l’article sur la notion d’attachement) et à réduire à des aspects simples facilement mémorisables dont 2 posent problème en matière de relationnel.

 

Le V.i.S.A.G.E. du chien qui pose problème à ses propriétaires

 

• Le chien Vagabond qui s’enfuit de chez lui ou privilégie l’exploration sans tenir compte du rappel,

• le chien Instable/imprévisible dont les réactions sont inadaptées – du point de vue humain – ou incomprises,

• le chien Sur-réactif qui ne se contrôle pas, qui produit des comportements exagérés – du point de vue humain –  qui s’emballe à la moindre stimulation,

• le chien Agressif, la hantise des propriétaires, qui “attaque” ses congénères, les personnes ou d’autres animaux,

• le chien Gardien de ses ressources et de son territoire vis à vis de l’humain, qui grogne, aboie ou fait mine de mordre si on s’approche de lui, de sa corbeille, sa gamelle, ses jouets …

• le chien Entêté qui n’écoute rien, s’oppose, n’en fait qu’à sa tête

Qui n’a pas collé une de ces étiquettes sur la truffe de son chien pour lui faire porter la responsabilité de ses comportements et se dédouaner ainsi de la sienne ? C’est la solution de facilité. Le soucis c’est que cette solution n’en est pas une et ne règle pas le ou les problèmes. Pire elle les accroit et impacte le V.i.S.A.G.E. que le propriétaire offre à son tour à son chien, les faisant entrer tous les deux dans un cercle vicieux.

 

Le V.i.S.A.G.E. du propriétaire qui pose problème au chien

 

• Le propriétaire Violent, qui fait usage de la force pour contraindre ou punir,

• le propriétaire Intransigeant, qui ne tient pas compte des besoins et des ressentis de son chien et exige qu’il se plie à ses règles, ses ordres,

• le propriétaire Sur-stimulant, qui est à l’origine, souvent même sans s’en rendre compte, des comportements exagérés de son chien, qui les provoque,

• le propriétaire Anxiogène par la contagion de ses propres peurs ou par la peur que ses comportements menaçants ou incohérents génèrent chez son chien,

• le propriétaire Guerrier lui même, adepte du conflit ou du rapport de force,

• le propriétaire Exclusif qui n’accorde aucune indépendance, aucune autonomie.

 

Nous sommes tous amenés un jour à commettre ces erreurs, à être dans ces états d’esprit aux conséquences décrites sur celui du chien mais personne n’est condamné à y rester.

Sortir du cercle vicieux

 

En termes de relationnel, et puisque le visage n’est que le reflet de l’état d’esprit, c’est au niveau de l’état d’esprit qu’il convient d’agir, au niveau de ce qui l’impacte, car la plupart des aspects impactant l’état d’esprit peuvent être changés.

 

L’aspect “intention”

Nos intentions sont perçues par nos compagnons sans que nous ayons besoin de les communiquer par des mots ou des gestes.

Quelles sont vos intentions à l’égard de votre chien au moment où vous interagissez avec lui ? envisagez vous de lui faire du bien ou de lui faire du mal ? comptez vous le faire obéir ou juste obtenir sa collaboration ? …

Quelles sont vos intentions à l’égard des autres chiens que vous et votre chien croisez ? voulez vous les refouler ou les attirer à vous ? …

Quelles sont vos intentions à l’égard des personnes que vous rencontrez accompagné de votre chien ? voulez vous les éviter ou voulez vous engager un échange avec elles ? …

L’aspect “peurs”

Les peurs sont à l’origine des comportements de protection. Les peurs par anticipation, extrapolation donnent lieu à des mesures de prévention que ces peurs soient justifiées ou totalement imaginaires.

De quoi avez vous peur concernant votre chien ? qu’il soit blessé ? qu’il s’enfuit ? qu’il agresse ? …

De quoi avez vous peur concernant les autres chiens que vous croisez accompagné de votre chien ? qu’une bagarre éclate ? que vous perdiez de l’importance à ses yeux ? …

De quoi avez vous peur concernant les chiens en général ? qu’ils soient dangereux ? …

De quoi avez vous peur vous concernant ? de perdre le contrôle ? d’être jugé ? d’être délaissé ? …

L’aspect “croyances”

Les croyances rejoignent souvent les peurs. Elles les causent et les nourrissent et donnent lieu à des agissements qui visent à confirmer leur bien-fondé.

Que croyez vous à propos de votre chien ? croyez vous qu’il ne vous respecte pas ? croyez vous qu’il n’en fait qu’à sa tête ? croyez vous qu’il ne comprend rien ? croyez vous qu’on ne peut pas lui faire confiance ? croyez vous qu’il a besoin d’un maître (chef) ? croyez vous qu’il vise la place de maître (chef) ? …

L’aspect “mécanismes de pensée”

Selon sa propre éducation et les modèles dont on a bénéficier on expérimente et adopte des mécanismes de pensée créant des habitudes en matière de réflexion qui peuvent s’avérer limitantes face à des nouveaux défis de compréhension.

En matière de conclusions, avez vous tendance à en tirer rapidement ? avez vous tendance à vous arrêter aux évidences ? avez vous tendance à vous en tenir aux preuves ? avez vous tendance à faire des comparaisons ? avez vous tendance à vous mettre à la place de l’autre ? avez vous tendance à chercher un sens ? …

L’aspect “références”

L’acquisition de connaissances fait appel à l’observation de modèles et à la transmission. Pour que des connaissances soient considérées comme valides, il leur suffit souvent de provenir d’une autorité en la matière. Pour autant toute autorité est contestable dans la mesure où ses connaissances deviennent obsolètes ou ne sont pas fonctionnelles.

Quelle expérience avez vous des chiens ? qui a été à l’origine de vos connaissances ? de quand datent elles ?  êtes vous à l’aise avec ces connaissances ou entrent elles en conflit avec certains de vos principes ? …

L’aspect “conscience”

Etre conscient suppose l’ouverture aux informations et une volonté de savoir. Cette volonté de savoir se heurte régulièrement à des mécanismes de protection (sélection des informations, dissonance cognitive, refoulement …) qu’il convient de déjouer.

Avez vous conscience du ressenti de votre chien ? avez vous conscience de ce qu’il exprime ? avez vous conscience de ses motivations ? avez vous conscience de ses frustrations ? avez vous conscience de VOTRE ressenti ? de VOS motivations profondes ? de VOS frustrations ? …

 

En fonction des réponses à ces questions chacun pourra déjà se faire une idée de l’état d’esprit dans lequel il se retrouve dans certaines situations et donc en quoi son état d’esprit, son V.i.S.A.G.E., impacte celui de son chien en positif ou en négatif.

Sortir du cercle vicieux est la première étape de l’amélioration du relationnel. Cependant pour que les mauvaises habitudes ne reviennent pas, il faut les remplacer par des bonnes.

Entrer dans le cercle vertueux

 

Une technique assez simple pour en finir avec les considérations erronées est de garder à l’esprit un certain V.i.S.A.G.E du chien.

 

Le chien est Vulnérable ; il vit grâce aux soins qu’ils reçoit de ses propriétaires dans un environnement pouvant s’avérer extrêmement dangereux pour lui dont il doit être protégé

Le chien est Instinctif ; il est mué par un ensemble de besoins en lien avec sa nature de chien, c’est à dire un prédateur, plutôt territorial et non solitaire

Le chien est Sensible ; il possède un appareil sensoriel particulier qui lui permet de capter des stimuli qui nous échappent mais surtout il RESSENT des émotions

Le chien est Affectueux ; il a besoin de tisser des liens avec les membres de sa famille et de nourrir ces liens par des échanges amicaux, des témoignages d’amour, de respect, de reconnaissance, de confiance …

Le chien est Gentil ; il n’est jamais animé par le désir de faire souffrir ou de se venger

Le chien est Empathique ; il est même hyper empathique ce qui signifie qu’il sait exactement dans quel état émotionnel est son interlocuteur mais aussi qu’il se met au diapason de cet état. On parle de contagion émotionnelle.

C’est un visage qui ne fait pas du chien un adversaire ou une menace mais au contraire permet de le considérer comme une personne canine avec ses peurs, avec ses envies et ses besoins propres, avec son langage, avec ses capacités et compétences particulières et ses difficultés de compréhension parfois, notamment quand notre V.i.S.A.G.E. reflète incohérences et ambiguïtés.

Considérer le chien sous cet autre V.i.S.A.G.E. produit une modification profonde de nos comportements à son égard, un changement de rôle beaucoup plus bénéfique au relationnel si tant est que l’on puisse se projeter dans un relationnel sortant des sempiternelles rapports dominant/dominé, commandant/exécutant, meneur/suiveur.

Notre Vigilance est la réponse idéale à apporter à sa vulnérabilité et sa sensibilité.

L’ intérêt/l’inspiration que l’on suscite est la réponse idéale à apporter à ses besoins de développement et d’adaptation à son environnement

La Sécurité que l’on procure est la réponse idéale à apporter à ses peurs ainsi qu’à la dangerosité de notre environnement non naturel pour lui

l’Apaisement que l’on prodigue est la réponse idéale à apporter à son impulsivité, à sa tendance à réagir avant de réfléchir

La Générosité dont on fait preuve est la réponse idéale à apporter à ses besoins d’affection et de soins inconditionnels

Les Encouragements que l’on fournit sont ce qui l’aident le mieux à intégrer les règles de vie en bonne entente au sein de sa famille et à privilégier la collaboration

 

Ce V.i.S.A.G.E. ne solutionnera pas toutes les difficultés que vous pouvez rencontrer avec votre compagnon mais il n’en générera pas et créera au contraire le contexte le plus favorable qui soit pour rencontrer réellement votre chien et écrire une belle histoire avec lui.

 

Bienveillance des intentions, abandon des peurs et des croyances limitantes, entrainement à de nouveaux mécanismes de pensée, changement de référents/références et pleine conscience seront d’ailleurs bénéfiques à votre état d’esprit bien au delà de ses répercussions sur le relationnel avec votre chien ; toutes vos relations en tireront avantage.

Ce concept du V.i.S.A.G.E. est ce que nous expliquons et exploitons lors de nos séances d’activités canines depuis leur nouvelle version en 2016 et ce que nous appliquons au quotidien avec nos propres chiens depuis des années. Il se fonde très largement sur la théorie de l’attachement conceptualisée par Bowlby qui débouche sur le partenariat.

 

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