Je suis une adepte du Clicker-training, une convaincue et une utilisatrice régulière de cette méthode efficace et sans contrainte. Mon souhait est qu’elle s’intègre dans toute démarche d’éducation ou de rééducation comportementale. Seulement pour cela il faudrait qu’elle cesse d’être l’apanage des “dresseurs”, que son but ne soit plus d’apprendre des tours, de robotiser l’animal mais simplement de servir de passerelle entre chien et humain.
Il me semble également souhaitable de se former au préalable au Clicker-training. Pas une formation de type cours magistral sur les mécanismes d’apprentissage ou leçon de vie respectueuse des animaux mais formation abordant les bénéfices autant que les risques d’utiliser le conditionnement.
Le Clicker-training est parmi les méthodes les plus efficaces qui soient pour aider un chien à s’adapter et surtout à se réadapter à l’environnement moderne et apprendre les règles de vie en société.
Utilisé à bon escient, en complément d’une éducation au renforcement positif/punition négative (voir ici) dans le cadre d’une approche globale respectueuse, le clicker permet d’activer le circuit de la récompense ce qui facilite les apprentissages.
Le clicker-training n’est pas réservé à une “élite” mais il n’en reste pas moins une technique nécessitant une formation préalable sérieuse et une utilisation mesurée.
Ce qu’il y a à savoir
Qu’est ce qu’un clicker (l’objet) ?
C’est un banal boitier en plastique muni d’une languette en métal qui produit un son invariable lorsqu’on l’actionne. N’importe quel objet produisant un son invariable, sec et audible à distance pourrait remplacer un clicker.
Sur quoi repose l’éducation au clicker, appelée clicker-training ?
Le clicker-training repose sur l’association entre le click (le son) et la récompense qui lui succède transformant littéralement le click en récompense en soi. Pour que cette “confusion” entre les deux, click et récompense, ait lieu il est nécessaire de conditionner, de “charger” l’animal c’est à dire distribuer des récompenses gratuitement et cliquer en même temps. C’est une étape incontournable.
On pourrait tout aussi bien remplacer les friandises par des jeux ou des caresses faisant ainsi du click (le son) un jeu ou une caresse en soi. De même que l’on pourrait distribuer des claques faisant du click (le son) une punition en soi mais ce serait parfaitement stupide.
Avant de se mettre au clicker il faut déterminer ce qui récompense l’animal
Pourquoi privilégier un clicker et non pas juste une friandise, une caresse ou une balle pour récompenser un comportement que l’on souhaite conditionner ?
On pourrait et d’ailleurs certains le font et obtiennent d’excellents résultats mais c’est un chemin moins adapté dans certains cas
1 – Le timing (je ne trouve pas d’autre mot en français). Le click (le son) cible un comportement en particulier dans un série comme si on photographiait celui-ci. Comme ce click est synonyme de récompense, le comportement ciblé est récompensé et sera reproduit. C’est le renforcement positif. Distribuer une friandise, une caresse ou une balle n’est pas aussi instantané que le click et on n’est pas sûr de récompenser à bon escient ; certains comportements peuvent s’insérer entre celui que l’on souhaite renforcer et le moment où la récompense est donnée. Imaginez que le chien, après s’être assis, se mette à aboyer au moment où vous donnez la friandise, vous récompensez l’aboiement et non le assis. Il existe d’autre marqueur comme le “oui, c’est bien !” que l’ont dit à son chien lorsqu’il fait ce qu’on attendait de lui mais ce type de marqueur verbal a aussi ses failles qui seront listées dans quelques lignes.
2 – Le travail à distance. Toujours grâce à l’association click=récompense, il est possible de cibler un comportement adopté alors que l’on est plus en mesure de le récompenser à moins d’être un sacré bon lanceur de balles ou de friandises. Dans le cas du travail à distance (par exemple envoyer un chien chercher un objet) le “oui, c’est bien” pourrait également convenir mais encore faut-il que la voix porte assez et véhicule le bon message. Il existe ensuite un autre cas où le travail à distance s’impose, c’est lorsque le chien supporte mal ou pas du tout la proximité de l’homme. Quel qu’en soit la raison, le clicker associé à la friandise, permet de rétablir la communication avec un tel chien et de reconstruire progressivement sa confiance en l’humain.
3 – La neutralité émotionnelle du click. L’état émotionnel du maître ne vient pas parasiter la communication. Imaginez vous au bout de x essais infructueux ; il y ‘a de fortes chances pour que l’énervement vous ait gagné et que vos félicitations de la voix deviennent de moins en moins chaudes. Armé d’un clicker vos sentiments ne passeront au moins pas par cette voie ; il restera le langage corporel à travailler mais la colère ou la déception qui s’invitent malgré vous dans vos paroles ne viendront plus perturber les échanges.
Avant de vous mettre au clicher travaillez votre timing par exemple en cliquant le plus précisément possible le moment du contact avec le sol lorsque vous projetez une balle de tennis. Travaillez également votre langage corporel devant une glace ou mieux en vous faisant filmer. Il s’agit d’avoir autant que possible une posture non inquiétante et un regard bienveillant.
Comment procéder ?
Le clicker-training exploite 3 techniques : le leurre, le façonnage et la capture.
Le leurre consiste à amener le chien à s’exécuter en suivant la récompense des yeux ou du nez tenue devant lui, telle une carotte.
Le façonnage, lui, consiste à fractionner l’exécution en plusieurs étapes où seront récompensées les avancées vers l’objectif final. C’est personnellement ma technique préférée.
La capture consiste, elle, à cliquer un comportement dont on est pas à l’initiative et qui se produit spontanément afin de faire savoir au chien que ce truc là nous plaît bien. Capturé plusieurs fois ces comportements spontanés viendront enrichir la base de données des attitudes payantes ce qui incitera le chien à les proposer de lui même au cours d’une séance où il cherchera à provoquer le click. Mais là c’est une autre histoire.
En pratique
Ce qu’il vous faut pour éduquer au clicker :
- un clicker (2,50 € dans notre boutique)
- les récompenses préférées de votre chien dont une, la “must”, servira de jackpot lorsque l’objectif de la séance est atteint
- des caresses (gratuit)
- de la patience (gratuit)
- une idée de ce que vous voulez apprendre à votre chien et de l’imagination, de l’inventivité pour y arriver (gratuit)
Le bon moment c’est quand vous êtes d’humeur à vous accorder – à vous et votre chien – un instant privilégié entre 4 yeux. En d’autres termes le temps de la séance rien d’autre n’existe que lui et vous.
Le bon endroit c’est là où, ni lui ni vous, n’êtes trop distraits par l’environnement. Les distractions se travaillent progressivement mais lorsque les apprentissages sont acquis, pas durant ceux-ci.
Avant de débuter, on se fixe un objectif de travail et on s’y tient. Un seul exercice nouveau à la fois ! On a réfléchi sur la façon de procéder et on sait quelle technique on va employer : leurre ou façonnage ; on ne s’interdit pas toutefois de capturer tout comportement intéressant.
Après une petite balade ou quelques minutes de jeu afin d’évacuer le trop plein d’énergie et vous connecter l’un à l’autre, on commence toujours par une distribution gratuite suivi d’un micro entraînement aux ordres déjà connus du chien pour le mettre en pattes, le mettre en mode “travail”.
On est généreux et on met de coté son perfectionnisme si on ne veut pas perdre son compagnon en route par lassitude. On se contente toujours d’à-peu-près pour les exercices nouveaux ; il sera toujours temps de travailler la précision plus tard.
On est attentif à son chien qui doit rester acteur et motivé. Sa capacité de concentration n’est pas infinie ! la nôtre non plus alors on sait s’arrêter.
En Clicker-training, on multiplie les séances de quelques minutes dans la bonne humeur, le plaisir partagé et surtout l’interactivité.
Et très important, on n’utilise pas le clicker-training comme une télécommande !
Un des bémols à cette technique est en effet de créer une forme d’addiction au travail ; c’est pourquoi probablement elle est plébiscitée par les dresseurs dont certains en ont détourné les vertus pour mécaniser littéralement leurs animaux et leur faire exécuter des exercices parfois contre nature. Il faut savoir que lorsque le clicker-training est la seule et unique technique d’éducation employée, il n’est pas rare que cela finisse par perturber le relationnel avec le propriétaire qui devient le clicker à la place du clicker. C’est pourquoi il est conseillé de s’en servir dans le cadre d’une approche globale, pour enseigner le sens des mots, pour parfaire une exécution, pour renouer le contact (en rééducation) … tout en employant le renforcement positif/punition négative par ailleurs et en nourrissant la relation par le partage d’activités sans vocation éducative.
Le clicker-training ne contribue pas au développement des capacités cognitives (perception -> intégration -> décision) dans le respect de l’individualité, de l’intentionnalité et de l’émotionnel du sujet. Il se contente de renforcer des comportements que l’humain choisi de renforcer. C’est pourquoi il ne doit pas être la seule voie d’apprentissage.
Lovana, 7 mois, prépare son Certificat de Sociabilité avec Sarah au Clicker-Training.
La marche au pied avec laisse est acquise, les positions assis et couché sont acquises, le rappel est acquis et le pas bouger est en bonne voie.
Lovana a commencé à travailler au Clicker à l’âge de 2 mois. La première chose qui lui a été renforcé est la proximité avec son humaine et dans un deuxième temps le fait de la regarder dans les yeux.
Questions fréquentes à propos du clicker-training
A quel âge peut-on commencer à éduquer au clicker ?
Dès que le chiot a acquis une certaine capacité à gérer ses émotions (excitation notamment), quelque soit la race et surtout quelques soient les méthodes précédemment utilisées car celle-ci est non violente et acceptée par tous
Peut-on mélanger les méthodes positives et coercitives ?
NON car l’éducation au clicker est basée sur la collaboration et la confiance ; elle n’est pas compatible avec la contrainte, voire la douleur qui vont de pair avec les méthodes coercitives. Il faut choisir !
Est on condamné à ne pas parler à son chien durant les apprentissages ?
Certainement pas ! on évite certes de créer des distractions pendant qu’il cherche à comprendre ce qu’on attend de lui pour l’aider mais on lui parle : on l’encourage quand il bloque, on lui indique qu’il “chauffe” ou au contraire qu’il “refroidit” quand il propose, on lui signifie qu’on va travailler ou au contraire que c’est fini et quand il a réalisé l’exploit qu’on espérait tant on saute de joie et on s’exclame quitte à passer pour un fou 🙂
Y’a t’il un après clicker-training ?
Une fois les apprentissages visés acquis, le clicker ne sort de son étui que pour réviser de temps en temps. Il ne s’agit pas de se faire greffer l’outil à la main mais de l’employer comme on emploie un dictionnaire en langue étrangère. Au début, il ne nous quitte pas, puis on s’y réfère dans le doute et enfin lorsqu’on maitrise la langue on le range. Ce qui pose tout le temps problème dans l’éducation d’un chien c’est la communication : les humains ne comprennent pas bien le langage canin et les chiens ont du mal avec le langage humain. Ce dont il faut se souvenir c’est que tous les chiens savent s’assoir, nous n’avons rien à leur enseigner mais associer s’assoir et le son “Assis” s’apprend. Imaginez vous en pays étranger ! Pourquoi le laisser tâtonner des heures alors qu’on peut le guider efficacement ?
Ensuite ce qui pose problème aux maîtres est le manque d’obéissance découlant du manque de motivation à obéir – le chien n’a rien à gagner à faire ce qu’on lui demande – quand cette motivation n’a pas été pervertie – le chien n’a que l’arrêt des maltraitances à gagner lorsqu’il obéit. Opter pour un comportement au lieu d’un autre doit s’avérer payant. Vous n’iriez pas travailler gratuitement ! Effectivement les friandises ont beaucoup de valeur au départ et c’est ce qui rebute certains maîtres ne se voyant pas avec des saucisses constamment dans les poches mais petit à petit le lien affectif les supplante si on a pris la peine de le tisser et de le préserver.
Plus qu’un outil d’éducation et de contrôle, le clicker-training s’inscrit dans une philosophie fondée sur le respect, la bienveillance. Il y a donc un “après le clicker” mais il y a surtout un “pendant le clicker” où l’on veille non seulement à ce que le chien se respecte et ne dépasse pas ses limites du fait de la motivation à déclencher le click, à ce que le chien n’entre pas dans des états d’excitation néfaste à sa stabilité émotionnelle et, fondamentale, à ce que le chien gagne en intelligence et donc en capacités à prendre de meilleures décisions pour lui et pour la relation.
A la Comp’amie des chiens®, nous proposons régulièrement des cours d’initiation au clicker-training. N’hésitez pas à nous contacter.
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