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les différences entre éducation canine et dressage
Isa.valcreuse 2 juillet 2017

Qui est quoi et qui fait quoi

 

Sur la planète des propriétaires de chien, s’il y a bien un terme qui est employé à tout va et à toutes les sauces c’est EDUCATION.

Un chien doit être éduqué ; Si un chien se comporte « mal », c’est qu’il est mal éduqué ; En cas de difficultés, il faut se faire aider par un éducateur canin ; un bon chien est un chien bien éduqué … L’éducation, la bonne évidemment, aurait toutes les vertus et garantirait une cohabitation harmonieuse avec l’animal.

Le problème, c’est que lorsque l’on demande à un propriétaire de définir l’éducation la réponse tourne le plus souvent autour de l’obéissance et de l’extinction des comportements indésirables.

L’éducation ce n’est pas que ça !

Déjà pour commencer, on n’éduque pas un chien, il s’éduque. L’humain et tout ce qui compose l’environnement enseignent et le chien apprend … ou pas. Du coup, si le chien n’apprend pas, c’est que l’enseignement ne lui permet pas d’apprendre !

Le chien est donc son propre éducateur tandis que le propriétaire ou n’importe quel intervenant n’est qu’un professeur.

L’éducation c’est l’apprentissage de la Vie dans le but de survivre le plus confortablement et en sécurité possible dans un environnement partagé. L’éducation c’est donc apprendre à évaluer les situations et les cohabitants, à se connaître et à connaître le Monde dans lequel on vit pour y trouver sa place et les ressources nécessaires à son existence, c’est apprendre à gérer les problèmes au mieux en fonction de ses compétences et développer celles-ci pour être le plus efficient possible. S’éduquer demande par conséquent d’expérimenter, d’évaluer, d’analyser et d’en tirer les conclusions qui s’imposent, autant de choses qui se passent dans le cerveau du concerné !

Education canine fondamentale = socialisation + familiarisation

 

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Montana se familiarise avec un objet qu’elle rencontrera dans l’avenir : un vélo

 

L’apprentissage de la vie dans un environnement partagé dans le but d’y survivre le plus confortablement et en sécurité possible repose sur ce qu’on appelle la socialisation en ce qui concerne les relations à autrui et la familiarisation en ce qui concerne la connaissance de l’environnement et de l’impact de celui-ci sur la survie.

Deux écoles s’opposent en termes de socialisation : celle qui n’y voit que les relations à autrui de la même espèce parlant la même langue et celle qui y voit les relations à autrui avec qui on peut dialoguer. Quoi qu’il en soit la socialisation s’appuie sur la communication, c’est à dire la possibilité de comprendre l’autre et de se faire comprendre par l’autre, pour faire simple.

Concernant la familiarisation, elle consiste à habituer, c’est à dire à rendre non dangereux un lieu, un objet ou éventuellement un autre être vivant avec qui la communication n’est pas possible, toujours pour faire simple.

Un « éducateur canin », que l’on devrait plutôt appeler un professeur en comportement le plus adapté (rien à voir avec un comportementaliste, soit dit au passage, qui lui est un expert du décryptage des comportements, de ce qui les motive et les renforce, une personne capable normalement de les expliquer au commun des mortels et de fournir des pistes pour les modifier) devrait donc, s’il veut se prétendre d’une quelconque contribution à l’éducation, se préoccuper de la socialisation et de la familiarisation avant tout autre chose puisque c’est en fonction d’elles que les décisions sont prises.

Veiller à la socialisation et à une familiarisation la plus complète possible ce n’est pas enseigner à s’assoir, à se taire ou encore à ramener une balle. C’est pourtant souvent à cela que les « éducateurs canins » se prêtent. Dans les clubs ou chez les professionnels, l’essentiel des activités consiste à obtenir la marche en laisse, des positions et à faire s’éteindre tous les comportements occasionnant une gène à l’humain. Il n’est pas rare que les contacts avec les congénères, voire avec les autres humains, soient des occasions d’interdire d’y prêter attention et d’exprimer son ressenti. Il est à l’inverse très rare que le lieu, les objets et les manipulations soient représentatifs de la variété des situations que le chien sera amené à vivre.

Bien qu’ils se prétendent centre d’éducation canine ou « éducateurs canins » et défendent avec ferveur et fierté leur rôle dans l’intégration du chien dans la société. ces clubs et ces professionnels là n’en sont pas au sens où nous l’entendons. Ce sont surtout des dresseurs, portant pour les meilleurs la casquette d’interprète des comportements,  ce qui ne leur enlèvent pas leurs compétences dans leur domaine, entendons nous là dessus, mais ne les autorisent pas non plus à s’auréoler de tant de gloire alors qu’ils se limitent à transmettre des techniques de conditionnement à des propriétaires en passant sous silence l’essentiel.

Le dressage, un art qui peut vite virer à l’instrumentalisation

 

Melissa apprend le sens du mot "au pied"

Melissa apprend le sens du mot « au pied » et à marcher « au pied »

 

On n’aime pas employer le mot dressage dans le milieu de l’éducation canine ; il a une connotation péjorative et renvoie l’image d’une sorte d’asservissement. Et pourtant, lorsque l’on demande à un chien de s’assoir (après lui avoir enseigné le sens du mot et lui avoir démontré son intérêt à obtempérer) c’est le résultat d’un dressage que l’on cherche à obtenir. Lorsque l’on décourage un chien d’adopter un comportement dans certaines circonstances pour qu’à l’avenir il adopte un comportement alternatif, c’est aussi du dressage. Que ce soit pour le bien de son compagnon – comme le dresser à stopper sur ordre pour lui éviter de traverser une route – ou pour le « bien » de son propriétaire, dès lors que l’on incite un chien à adopter un comportement décidé par l’humain à un moment où spontanément il ne l’aurait pas fait, on dresse.

Le dressage repose sur le conditionnement opérant ce qui signifie sans entrer dans le détail qu’en fonction du résultat agréable/libérateur ou désagréable d’un comportement celui-ci aura toutes les chances d’être reproduit en circonstances similaires ou inversement tendra à diminuer voire disparaître. Les chiens ne sont pas maso. Dans le cas de l’obéissance, aux circonstances s’ajoute un ordre, une demande de l’humain que ce dernier espère voir prendre l’ascendant sur tout le reste.

En ayant la main mise sur le résultat, le dresseur est en mesure d’influencer la décision du chien à savoir opter pour un comportement précédemment récompensé ou du moins non source de peur ou de douleur ; il en est de même d’ailleurs en éducation canine puisque « l’éducateur canin » peut rendre une expérience de socialisation ou de familiarisation agréable ou désagréable, mais là où « l’éducateur canin » (le professeur en comportement) se contente d’aider l’animal à s’adapter à son environnement, le dresseur décide des meilleurs comportements à adopter le plus souvent pour les mettre au service de son propre projet.

Le projet du dresseur. Là est bien la question qu’il faut impérativement se poser AVANT d’avoir recours aux services d’un dresseur et de le devenir soi même. Si l’adaptation est l’objectif de l’éducation, le dressage lui, par le sentiment de pouvoir qu’il fait naître chez celui qui décide, ouvre la voie à toutes les dérives possibles, la plus fréquente étant la transformation du chien en main armée de son maître. Un dressage n’est pas bienveillant quand il sert à assouvir par procuration des instincts de combat refoulés ou des velléités de pouvoir pathologiques, quand il met en scène dans des postures improbables de pauvres animaux réduits en esclavage, quand il condamne à endosser un rôle de substitut affectif ou de punching-ball, personne ne me contredira là dessus mais est-il bienveillant quand il néglige la familiarisation à l’environnement et à autrui ou compromet la socialisation aux congénères et à l’humain ? est-il bienveillant quand il fait croire aux propriétaires que le solution à tous leurs problèmes est dans le contrôle absolu et l’obéissance inconditionnelle allant même jusqu’à faire passer les approches globales (celles qui relèguent le conditionnement au second plan) pour le fait d’une bande d’inconscients  ?

Je dirais que n’est pas d’un réel intérêt pour l’éducation canine toujours celui qui le prétend !

Maintenant, après avoir remis les pendules à l’heure, appelé les choses par leur nom et soulevé la problématique des carences et des risques du dressage à proprement parlé tel qu’il est proposé et pratiqué dans des structures qui se disent pratiquer l’éducation canine, le débat qui fait rage sur les réseaux sociaux opposant les pro éducation et les partisans du laisser vivre a t’il encore du sens en ces termes ?

Selon moi, la question du bien fondé de l’éducation ne se pose pas si on arrête de la penser comme subie et non naturelle. Le propre de n’importe quel individu est de s’adapter donc de s’éduquer; ce n’est pas l’éducation le problème c’est la forme et le dessein de l’enseignement.

Quant au dressage, dans bien des cas il n’est qu’un moyen de protéger celui qu’on aime d’erreurs qu’il pourrait commettre. Parfois il permet d’amener à dépasser des limites là où l’éducation ne le permet pas. En cela il est un art quand il élève l’animal au rang d’admirable. Et il en a bien besoin l’animal d’être un peu admiré. Et puis le dressage est fréquemment bi latéral. Le chien est très doué pour dresser ses humains ce qui ne nous rend pas malheureux pour autant. Ce n’est finalement que lorsque le dressage transforme nos compagnons en robots dénués de choix et/ou qu’il a recours à des méthodes coercitives que la critique sévère s’impose. Quand il est respectueux du bien-être, quand il valorise les aptitudes sans les pervertir et quand il prend le relai des décisions du chien pour lui éviter des déboires, le dressage a toute sa place en éducation canine.

 

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