→ le manque de rappel,
→ les aboiements,
→ les fugues,
→ l’agressivité vis à vis des congénères,
→ la poursuite de vélos ou autres “proies” mobiles,
→ et quelques fois la destruction d’objets en tout genre.
Le soucis c’est qu’un comportement qui se reproduit est forcément adapté sinon il disparaît !
Un comportement est une réponse à une situation
Bien qu’il soit jugé indésirable du point de vue du propriétaire, du point de vue du chien il répond à ses besoins basiques, psychologiques ou d’épanouissement (pour reprendre les termes de la pyramide ci dessous) et lui permet de maintenir son l’homéostasie, c’est à dire l’équilibre de son milieu intérieur.
Comment en arrive t’on là ?
Ni plus ni moins qu’en commettant des négligences ou des erreurs pendant la première année !
Il est évident qu’aucun propriétaire n’a ce genre de projet. Si cela se produit, et nous insistons bien sur le fait que ce n’est PAS chez le chien dans l’intention de nuire comme on l’entend souvent, c’est qu’à la base il y a une méconnaissance de ces fameux besoins comportementaux et souvent une totale ignorance des processus d’apprentissage et de renforcement qui vont transformer un essai en une habitude profondément ancrée.
Au début tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes …..
Petit chiot fraîchement arrivé à la maison n’apporte avec lui que des promesses de bonheur. Il ne fait que peu de dégâts hormis quelques pipis et quelques pleurs dus à la perte de ses repères et de ses êtres d’attachement ; il accourt quand on l’appelle, suit pas à pas et témoigne une infinie reconnaissance à la moindre attention qu’on lui porte.
Comme il est touchant et qu’on a souvent attendu plus ou moins longtemps sa venue, on lui donne beaucoup de tendresse, de moments de jeu pour que rapidement il nous aime inconditionnellement ; il a droit à tous les égards et à la plus grande bienveillance de la part de tous les membres de la famille.
Et comme on est très fier de son bébé on l’emmène partout avec soi, on s’organise pour qu’il ne souffre de rien… bref il baigne dans l’environnement le plus favorable qui soit pour satisfaire ses multiples besoins (si on ne verse pas dans l’excès évidemment).
….. Puis la routine reprend ses droits petit à petit, l’auréole au dessus de la tête de petit chien s’envole en même temps que les premières bêtises arrivent.
Pour peu qu’on n’ait jamais eu de chiens ou que l’on compte beaucoup sur ses lointaines expériences, on se précipite chez le marchand pour acheter le collier qui va bien, le martinet … tout ce qui donne l’illusion du contrôle car on pense qu’il faut en passer par là.
Dans le meilleur des cas on aura enrichi ses connaissances par la lecture de quelques bons livres (le collier sera alors remplacé par un harnais et le martinet par des récompenses) ; dans les moins meilleurs on aura pris conseil à droite à gauche, chez le vétérinaire, au magasin d’accessoires ou auprès d’un autoproclamé professionnel qui auront validé le choix des instruments de torture 🙁 .
Enfin quoi qu’il en soit à ce stade on ne se sent pas démuni et même plutôt d’attaque pour l’éduquer ce petit chiot afin que toutes les promesses ne s’évanouissent pas.
….. Malheureusement le temps et la motivation ne sont pas toujours au rendez-vous.
On a plein d’autres priorités. Certainement qu’on travaille. On n’a pas non plus que petit chiot à éduquer ; il y a les enfants. Et puis la météo est décourageante parfois ; il fait trop froid, trop chaud, il pleut et ça ne donne pas envie d’aller balader.
Seulement voilà, petit chiot n’attend pas de meilleures dispositions et ne se contente pas de quelques minutes entre le repas et le film. Il grandit irrémédiablement.
Lui il continue de suivre les directives d’une programmation qui vise à le rendre apte à survivre dans son environnement et à maintenir son homéostasie.
La présence des premiers temps laisse peu à peu la place à la solitude – et encore peu à peu serait acceptable mais il est fréquent que ce soit du jour au lendemain- quelque chose d’absolument contre nature pour un être appartenant à une espèce sociale et grégaire comme l’espèce canine.
Par manque de temps, de prévoyance d’une longue période de congés au moment de l’adoption, parce qu’on a pas un autre chien adulte parfaitement socialisé sous la main pour prendre le relai, on place petit chiot dans les conditions les plus anxiogènes qui soient – souvent enfermé dans un endroit qu’il ne connaît pas encore parfaitement – en le privant de toutes les possibilités de se rassurer par un présence vivante apaisante à un âge où il est incapable d’affronter un fort stress sans une aide extérieure.
Ou à l’inverse on est en permanence omniprésent et hyper maternant et on ne laisse pas petit chiot s’éloigner d’un pouce par peur qu’il ne lui arrive quelque chose. On lui transmet ses angoisses au lieu de lui enseigner la confiance en lui, la sérénité et l’acceptation d’une certaine frustration parfois.
⇒ Les conditions sont réunies pour qu’un problème d’anxiété de séparation apparaisse qui se manifestera pas des hurlements (appel), des aboiements compulsifs (extériorisation du stress), voire des destructions (tentatives d’apaisement par le mordillage, le rognage et le déchiquetage du même ordre que celui qu’emploient les gens qui … se rongent les ongles !).
Si on considère le développement cognitif comme la construction d’un mûr, on aurait dynamité les fondations qu’on aurait pas fait plus de dégâts.
Les innombrables parties de jeux et les tonnes de câlins du départ laissent peu à peu la place à quelques lancers de balle et encore, une vague caresse par ci par là.
Soit que l’on manque de temps ou soit qu’on ait des idées bien arrêtées sur le rôle que petit chiot devra tenir et donc sur l’éducation qu’il va devoir recevoir on élimine les occasions de tisser un lien affectif et de complicité qui aurait pourtant servit de ciment – nouvelle allusion au mûr du dessus si ça peut aider à comprendre – et de motivation à collaborer.
On lui préfère l’instauration de l’ennui, ce grand responsable des troubles du comportement ou la crainte, cette cause majeure de morsure.
On se propose d’être sans attrait ou répulsif, source de rien ou de peurs et après on compte faire autorité !
Concernant la poursuite et la saisie, le chien est ainsi fait qu’il est à la base un prédateur. Il serait temps d’intégrer cette nature à sa vision globale de l’animal et de cesser de vouloir à tout prix en lisser les aspérités qui dérangent. Être un prédateur ne pose de problèmes qu’aux proies potentielles et bonne nouvelle nous les humains n’en sommes pas. Il n’y a donc aucune inquiétude à avoir quand bébé chien nous courent après et essaie d’attraper nos chevilles puisqu’il n’est qu’un bébé. Par contre il est inconscient de mettre son mouchoir sur cet ébauche de comportement et totalement illusoire de vouloir l’interdire car un besoin ne s’interdit pas.
A défaut de prise en compte précoce on repousse à un âge où ce ne sera plus du jeu l’expression de pattern moteur qui trouveront obligatoirement des situations idéales pour émerger, se renforcer et s’installer durablement.
⇒ Le manque d’activités de substitution à ses instincts quand ils sont relativement intacts ou le manque d’activités tout court créé les conditions pour qu’un problème de morsure par prédation survienne.
⇒ L’abandon, le rejet des témoignages d’affection au profit d’un rapport de force réunissent les conditions pour que les problèmes de désobéissance, de défiance, voire d’agression envers le propriétaire naissent parce que sans s’en rendre compte on a réduit à une gamelle et un panier l’intérêt du chien à rester proche de nous quand on a pas détruit toute la confiance qu’il pouvait avoir en l’humain.
Les rencontres et les expériences avec d’autres chiens, d’autres gens … des premiers jours laissent peu à peu la place à RIEN.
Encore une fois par manque de temps, à cause d’un planning qui n’intègre pas de créneau dédié aux indispensables socialisation et familiarisations, ou par sous estimation des dommages que cela va causer sur la future personnalité on fait l’impasse sur les éléments constructeurs d’une personnalité sereine adapté à l’environnement non naturel dans lequel elle va vivre.
En lieu et place des contacts, des échanges, de l’apprentissage de la bonne attitude, de la bonne communication et du contrôle à avoir sur soi pour ne pas importuner l’autre, on ne propose que l’inconnu avec les peurs et les rejets qu’ils suscitent en priorité.
⇒ Les conditions sont remplies pour que des problèmes d’agressivité envers les congénères s’installent, pour que des problèmes de garde excessive se posent avec tous les inconvénients qui vont avec, des aboiements sur tout ce qui bouge et passe près du portail, des morsures en cas d’intrusion même pacifique, des accidents en tout genre qui vont réjouir la presse et entretenir le mythe de la dangerosité de certaines races.
Les promenades quotidiennes au début laisse peu à peu la place à une sortie hebdomadaire voire se limitent au jardin.
Sans s’en rendre compte on frustre le besoin exploratoire et on se prive d’une occasion exceptionnelle de combler presque tout le répertoire comportemental ; du coup l’extérieur devient particulièrement attractif quand petit chien y a encore accès de temps en temps, l’extérieur devient une sorte de graal.
⇒ Les conditions sont réunies pour qu’un problème de rappel survienne. Comme on est très mécontent, on dispute petit chien lorsqu’il finit par revenir. Le problème de rappel va s’aggraver. Comme on en encore plus mécontent on arrête de promener petit chien.
⇒ Les conditions sont réunies pour qu’un problème de fugue surgisse d’autant plus si l’ambiance à la maison est stressante ou que l’ennui n’est que son seul passe-temps.
Passée la période des besoins exploratoires et dans le cas où petit chien n’a pas eu l’occasion de fuguer, l’absence de sorties en extérieur créé un autre problème : des phobies en tout genre de la famille de l’agoraphobie, ochlophobie … En limitant la connaissance de l’environnement au seul jardin ou même à la campagne avoisinante on fabrique une référence qui sert à évaluer la dangerosité des autres environnements.
Du coup tout ce qui n’y ressemble pas devient extrêmement anxiogène et à moins d’être soi même particulièrement sécurisant et apaisant il devient impossible d’emmener petit chien en ville dans la foule sans qu’il se mette en panique et donc en mode autoprotection.
⇒ Les conditions sont réunies pour qu’un problème de morsure défensive par peur apparaisse le jour où le chien sera emmené de force hors de sa zone de confort.
Et pire que tout : La bienveillance et l’empathie des premières heures qui permettaient une interprétation juste des comportements (en fonction de ce qu’ils révèlent de l’état émotionnel et des besoins qui les suscitent) laissent peu à peu la place à de l’anthropomorphisme patenté, une distance affective ou à des préjugés sur les intentions de petit chiot qui se voit affublé du qualificatif de dominant à la moindre tentative de se soustraire à une contrainte, de conserver ses objets de confort ou d’indiquer son malaise par quelques frémissements de babines ou grognements.
Par méconnaissance du langage canin, non prise en considération/rejet de sa nature sensible et sentiente, par manque d’esprit critique vis à vis des théories les plus extravagantes qui perdurent malgré l’évolution des connaissances (théorie de la dominance, théorie de l’opportunisme …) ou par fainéantise disons le à acquérir un nouveau savoir, à développer ses notions dans le domaine du comportement et de l’éducation, on sort l’attirail du dresseur de fauves de grand-père, collier étrangleur, châtiments corporels, harcèlement psychologique histoire de bien lui faire savoir à petit chiot ce qu’il risque à montrer certaines facettes dont on ne veut pas.
⇒ Les conditions sont remplies pour que tous les problèmes relationnels surviennent, de la simple prise de distance à l’impuissance acquise, des troubles compulsifs à l’agression dirigée vers le propriétaire ou une cible alternative parce que la maltraitance ne peut être subie ad vitam aeternam sans qu’elle engendre des réactions violentes contre autrui ou contre soi.
Il existe de nombreuses autres causes aux comportements dits indésirables ; nous n’avons fait que survoler les plus récurrents et donner quelques indices pour les comprendre, les corriger ou les anticiper.
Un accompagnement par un vrai professionnel formé à analyser les éléments déclencheurs et les éléments renforçateurs peut, en quelques séances, apporter des solutions à une situation qui est le plus souvent le symptôme d’un mode de vie inadapté et d’un relationnel parasité par des quiproquos, des attentes irréalisables ou des croyances erronées.
Souvent on a pris un chien quelque part pour sa vocation utilitaire qu’elle soit professionnel (le travail), sécuritaire (la garde) ou affective (rompre sa propre solitude). Mais se demande t’on quel compagnon on est pour le chien et comment il conçoit la cohabitation avec nous ?
Si c’est à sens unique, il y a comme une erreur de casting
et j’invite sincèrement les personnes qui seraient animées par des intentions dénuées de réciprocité à prendre une arme, un système d’alarme, une peluche, un punchingball … à la place en tous cas à ne pas s’adresser à nous.
JAMAIS on ne devrait adopter un chien si on n’est pas en mesure de lui accorder une place dans le foyer, du temps, des expériences bénéfiques à ses apprentissages, des rencontres agréables et plusieurs heures de promenade par semaine qui a elles seules vont satisfaire presque l’ensemble de ses besoins comportementaux
et plus que tout si c’est pour ne pas l’aimer inconditionnellement.
Dans un avenir que nous espérons lointain nous en viendrons peut être à demander des garanties à ces niveaux là car il ne nous est pas tolérable d’apprendre qu’un de nos chiots, que nous avons fait naître et préparé au mieux à faire le bonheur d’une famille, a finalement grandi dans un environnement qui l’a transformé en bête apeurée ou en machine à mordre par négligences, méconnaissance de sa psychologie ou par désamour.
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