Sélectionner une page
Le vrai métier d’éleveur
Accueil » L’élevage du Val de la Petite Creuse » Le vrai métier d’éleveur

De quoi parle t’on ?

 

Nous le disons, nous le revendiquons même. Eleveur est un vrai métier !

C’est un métier que l’on choisit souvent par amour pour les chiens sans trop savoir où on met les pieds puis que l’on embrasse petit à petit et totalement malgré les aléas et les contraintes.

Cela dit, il y a éleveur et éleveur. Nous le reconnaissons et sommes même souvent amener à dire qu’on ne fait pas tous le même métier. Cette page a pour but d’établir certaines choses et de définir ce que nous entendons par le vrai métier d’éleveur. Pour ce faire, nous allons déjà faire la distinction entre éleveur et naisseur ou producteur et entre éleveur et amateur. Il est important à nos yeux de savoir déjà ce qu’un éleveur n’est pas (ou ne devrait pas être). Ce terme est tellement générique qu’il permet toutes les confusions et galvaude le métier. S’en suit une mauvaise réputation ou une idée faussée de son bien-fondé qui met à mal la motivation à l’exercer.

Si nous ne cherchons pas ici à convaincre de suivre cette voie professionnelle, nous voulons toutefois contribuer à lui redorer un peu le blason. Si vous lisez cette page, il est fort probable que vous cherchiez justement à savoir à qui vous avez affaire. Cela passe par la critique de ce qu’un éleveur n’est pas, de ce que nous ne sommes pas. 

Amalgame éleveur/naisseur/producteur

 

Tout le monde est mis dans le même « panier »

Une fois n’est pas coutume nous allons mettre au banc des accusés la Protection Animale (PA) alors que nous la soutenons autant que possible dans les faits et comprenons parfaitement sa situation. Mais pour le coup elle contribue grandement à cet amalgame, voire elle le créé.

En effet il est fréquent, pour ne pas dire récurrent, que les éleveurs canins soient cloués au pilori par la dite Protection Animale. Ils sont mis en cause lors des abandons en tant que vendeur de chiots alors que les refuges débordent. Leur légitimité est contestée tandis que les familles sont culpabilisées avec des slogans du type : « N’achetez pas, adoptez ! »

Ce que cette Protection Animale ne dit pas, c’est que la majorité des chiens abandonnés est issus de croisements, de mariages non désirés par les propriétaires des parents. Une fois nés, les chiots sont cédés au premier venu sans se préoccuper de leur avenir. Viennent ensuite les chiens de type racial de provenance douteuse (élevage clandestin) ou peu regardante (animalerie). Dans ces deux cas, les chiens ne sont pas le fruit du travail d’un éleveur mais celui d’un naisseur ou d’un producteur tandis que l’abandon est la conséquence d’un achat irréfléchi ou compulsif.

Tout au long de cette page mais aussi dans tous nos articles et publications, nous appelons naisseur celui qui laisse naître des chiots ou les fait naître pour son propre intérêt par opposition à l’éleveur qui les fait naître pour l’intérêt des familles et producteur celui qui met sur le marché des chiots avec comme seul leitmotiv de faire de l’argent.

Inversement la même Protection Animale aime passer sous silence que les chiens de race sont très minoritaires en refuge. Quand c’est cas, la principale raison invoquée est le développement de comportements dits gênants dont la plupart ne sont pas à imputer au travail de l’éleveur mais au mode de vie inadapté ou à la mise en place d’un relationnel conflictuel humain/chien.

On ne retrouve pas en refuge les chiens bien nés, bien préparés et confiés à des familles informées ayant murement réfléchi leur adoption. On y retrouve surtout des chiens nés par négligence ou recherche d’un profit cédés précipitamment. Cela réfute donc la responsabilité des éleveurs en ce qui concerne la surpopulation dans les refuges.

 

Un producteur ou un naisseur n’est pas un éleveur au sens où nous l’entendons

 

Droit de choisir versus devoir de sauver

C’est un véritable procès d’intention qui est fait aux familles qui s’adressent à un éleveur et choisissent d’être accompagnées par un chien qui correspond physiquement et comportementalement à ce qu’elles recherchent et se sentent à même d’assumer.

 

Or le choix est l’un des meilleurs gages d’adoption pérenne.

 

Tout le monde n’est pas Docteur en psychologie canine ni animé par le désir de guérir. Préférer un chien sans passif n’est pas une honte, c’est au contraire responsable si on n’a ni le savoir-faire ni le temps pour le prendre en charge.  Adopter en refuge, aussi louable soit l’acte de sauvetage, va souvent de pair avec rééducation comportementale et acceptation du chien avec son bagage, y compris sanitaire, aussi hasardeux soit-il

En matière d’attachement certains critères sont fondamentaux et l’apparence tout comme la projection en sont deux qu’on le veuille ou non. Il y a dans la silhouette, les couleurs, la taille, la forme de tête mais aussi l’historique d’une race, certains mythes autour d’elle, ses caractéristiques comportementales toute une symbolique et des attentes sous-jacentes expliquant l’attraction et justifiant que cela soit sélectionné pour répondre à ces attentes. On peut aimer les chiens, tous les chiens mais ne vouloir partager sa vie qu’avec un type de chien pour des raisons personnelles et intimes qu’il n’appartient à personne de juger et de condamner.

Cela tranche la question de la légitimité du métier d’éleveur. Non seulement il n’est pas le vilain exploitant que la PA sous-entend dans son slogan mais il répond à des besoins que la PA ne peut satisfaire.

Et il n’est question là que de l’aspect « qualitatif ». Sur  le plan quantitatif, l’adoption de tous les chiens présents en refuge mènerait rapidement à une pénurie. Rien que les chiens inscrits au LOF représente près de 250 000 naissances en 2020 (Chiffres SCC). Le nombre de nouveaux chiens identifiés chaque année approche les 750 000 (chiffre ICAD 2018) ce qui donne une idée du nombre de naissances respectant au moins l’obligation d’identification. La France compte plus de 15 millions de chiens ! Que la PA alerte sur le nombre d’abandons, qu’elle sensibilise à la nécessité de réfléchir avant toute adoption, qu’elle dénonce la production intensive ou clandestine, la maltraitance nous disons évidemment OUI mais qu’elle fasse la guerre aux éleveurs sans distinction nous disons NON. La distinction est fondamentale dès lors qu’elle permet de cibler les vrais responsables. 

 

Sans éleveur, plus de race, plus de choix 

 

Cela dit, même parmi les éleveurs au sens où nous l’entendons, tout n’est pas tout blanc en termes de pratique d’élevage. Le respect du bien-être animal qui devrait être inhérent au fait de détenir des chiens reste un gros point noir à éradiquer chez certains.

C’est à ce niveau que le choix pour un élevage plutôt qu’un autre revêt son importance sachant que pour faire ce choix il convient de savoir sur quels critères les évaluer. Nous vous renvoyons vers la page « Objectif : zéro chien abandonné ou maltraité » pour approfondir ce sujet tandis que nous vous proposons maintenant de voir plutôt ce qui fait du métier d’éleveur un vrai métier étant entendu que l’activité de faire naître des chiots puis de les confier à des familles ne suffit pas à le définir. Le professionnalisme qui apparait comme peu évident aux yeux de ceux qui nous rétorquent qu’éleveur ce n’est pas un métier est de mise à des niveaux divers et manifestement insoupçonnés par beaucoup.

Un métier exigeant

 

Le métier d’éleveur n’a donc rien à voir avec l’activité de producteur ou de naisseur de chiots comme nous venons de le souligner. Leur objectif est différent et surtout les moyens mis en oeuvre sont sans comparaison possible.

On peut résumer les moyens mis en oeuvre très simplement. Il s’agit de l’ensemble des connaissances, du savoir-faire, du temps consacré et des infrastructures permettant d’exercer ce métier.

 

Connaissances et savoir-faire

Les connaissances nécessaires sont rassemblées sous le terme de connaissances cynotechniques. Elles englobent de l’éthologie, de la génétique, de très sérieuses compétences dans le domaine du développement comportemental des chiots en plus des connaissances en matière de reproduction, d’alimentation et de prophylaxie habituellement consacrées. Il est clair que l’apparente facilité qu’il y a à faire naître des chiots fait oublier la masse de connaissances nécessaire pour faire correctement ce travail. Le minimum actuellement demandé (ACACED) est très insuffisant.

Sans connaissances en éthologie, il n’est pas possible de respecter le bien-être animal.

Sans connaissances en génétique, il n’est pas possible de sélectionner et donc d’offrir des garanties en termes de caractéristiques physiques et comportementales.

Sans connaissances dans le domaine du développement des chiots, il n’est pas possible de s’assurer qu’ils acquièrent un répertoire comportemental compatible avec la vie dans un foyer humain.

Evidemment sans connaissances en reproduction, le pire est à craindre quand viendra l’heure de la naissance des chiots.

Et sans connaissances en soins, c’est la santé même des chiens qui est mise en danger.

Cela étant, juste des connaissances ne suffisent pas non plus. La grande mode actuelle est de glaner par ci par là des informations sur les réseaux sociaux ou des sites internet. Beaucoup sont de qualité mais c’est loin d’être sûr. C’est un premier problème. Le second problème est qu’aucune théorie aussi fiable soit-elle ne peut décider à la place de l’éleveur des choix qu’il doit faire ni même se substituer à son analyse. En d’autres termes, c’est bien beau d’avoir le mode d’emploi, encore faut-il savoir l’utiliser.

Le savoir-faire que l’on pourrait appeler aussi savoir-observer-réfléchir-décider-appliquer ne s’acquiert pas sur internet ou les réseaux sociaux. Il ne s’acquiert pas non plus dans une école. Il demande de la pratique et … des connexions neuronales. Tous les jeunes éleveurs vivent un jour ce moment où confrontés à une situation et bien qu’armés des fameuses connaissances, ils ne savent pas quoi faire. Tous les éleveurs ont vécu ce moment où ils n’ont pas pris conscience que quelque chose se jouait alors qu’ils auraient su quoi faire. Le savoir-faire ne se résume pas à avoir des compétences, c’est à dire être apte à mettre en application ses connaissances. Il s’agit d’être capable de mettre en oeuvre la bonne compétence au bon moment et à bon escient.

Et en matière d’élevage, on parle de savoir-faire avec des animaux.

 

Travailler avec des êtres vivants

Le métier d’éleveur consiste à travailler avec des êtres vivants doués de sensibilité qui plus est destinés à la compagnie et non à la consommation.

Cela soulève le problème de la formation comme évoqué, celui de l’éthique dont nous ne parlerons pas ici, mais aussi celui de résoudre une équation à multiples inconnues.

Un éleveur doit connaître les chiens parfaitement autant que faire ce peu. Il doit connaître les siens presque sur le bout des doigts. Ils descendent de lignées dont l’étude permet de présager certaines caractéristiques. Ils présentent des forces et des fragilités à conserver ou à corriger dans la descendance. Ils vont transmettre de façon aléatoire leur génétique mais par contre de façon sûre des enseignements à leurs petits. Ces enseignements doivent servir le projet d’adoption des familles, pas le compromettre.

Le propre d’une espèce comme l’espèce canine est de naître immature afin de s’adapter le mieux possible à son environnement. C’est, cela dit, aussi le cas de l’espèce humaine et de nombreux mammifères. Cette stratégie de la Nature présente des avantages puisqu’elle offre plus de chances de survie malgré la variété et l’évolution des environnements mais elle présente également l’inconvénient du point de vue de l’élevage de donner naissance à des chiots extrêmement malléables et influençables. Bien que tous équipés dans les grandes lignes des mêmes atouts, chacun réagira selon son vécu individuel et se forgera une personnalité unique dont on ne devine que quelques traits à 2 mois. Nous vous laissons imaginer ce qu’il reste de cette primo personnalité après plusieurs années d’expériences heureuses ou malheureuses.

Pourtant Il appartient à l’éleveur de conseiller les familles lors de l’adoption ce qui suppose d’être capable de cerner les personnalités aussi bien canines qu’humaines et de les faire concorder pour que l’alchimie se produise. Cela touche au domaine de la psychologie des deux espèces mais cela touche aussi au domaine de la voyance disons le puisque chien et humain ne sont pas toujours évidents à cerner et surtout ils sont voués à changer.

Il appartient aussi à l’éleveur d’apporter son soutien par la suite ce qui suppose d’être capable de faire une véritable anamnèse en toute neutralité, de dispenser des conseils avisés ou de diriger vers le bon interlocuteur. Cela peut toucher à de nombreux domaines comme le médical, l’éducation voire le comportement, autant de disciplines dont la pratique est soit interdite sans diplôme soit tributaire de connaissances et d’un savoir-faire propre. Un vétérinaire, un éducateur canin ou un comportementaliste n’a qu’une vision synthétique et de vagues connaissances du métier d’éleveur. Il en va de même pour l’éleveur qui n’a qu’une vision synthétique et de vagues connaissances de ces autres métiers sauf s’il y a été formé également et les pratique. C’est par exemple le cas en ce qui nous concerne pour le métier de coach en éducation canine et en relation humain/chien avec ce que cela laisse entendre en termes de formation en amont de la pratique. A défaut un éleveur doit bien se garder de se substituer à ces professionnels. En guise de soutien, il n’est souvent en mesure d’apporter qu’un soutien moral ce qui est déjà énorme. C’est d’autant plus vrai que la qualité des soins n’est plus de son ressort mais de celle des familles et qu’une nouvelle fois la distribution des gènes à la naissance est du domaine de hasard pour l’essentiel. Adopter un être vivant va de pair avec accepter le fait qu’il soit soumis aux lois de la génétique, de la biologie et de l’éthologie et en prendre sa part de responsabilité même involontaire et inconsciente. C’est loin d’être évident pour beaucoup de familles qui lui préfèrent la responsabilisation de l’éleveur. Encore une inconnue à l’équation pour ce dernier même s’il a bien insisté sur le caractère évolutif d’un chiot, la part caché de son adn et l’impact des soins, du relationnel et de activités. Rien ne dit jamais comment une famille va agir une fois la porte de l’élevage franchie avec son chiot ni comment elle va réagir aux grains de sable dans la mécanique. Une famille est aussi un système vivant.

 

Une activité réglementée

 

Des connaissances, un savoir-faire oui mais aussi une existence légale et une certaine conformité à la règlementation !

Longtemps l’élevage canin est resté le parent pauvre des métiers d’élevage. Il l’est un tout petit peu moins depuis que le législateur s’est penché sur le sujet et a cherché à encadrer la profession dans un but moralisateur et … fiscal. En 2014 une vraie règlementation est apparue suivie de près par une définition de l’activité d’élevage canin.

Sachez le, tout éleveur est un professionnel* !

*La seule exception à cette règle concerne les propriétaires d’une chienne inscrite au LOF et confirmée ayant le droit de lui faire faire une seule et unique portée par année fiscale sans se plier à la règlementation.

Cela suppose que sa responsabilité est engagée en tant que telle. Cela suppose qu’il doit être déclaré à l’administration sociale et fiscale, inscrit comme entreprise et disposé d’installations conformes à la règlementation. Ça c’est le cadre légal et juridique mais dans les faits rares sont ceux qui revendiquent être professionnel. On préfère se revendiquer de l’élevage familial, de l’élevage passion ou de l’élevage amateur.

Pourquoi ? Parce que professionnels et amateurs en matière d’élevage canin sont différemment considérés. Certains éleveurs, voire de nombreux naisseurs se réclament de l’amateurisme histoire de faire meilleure impression. Ils ne vivent pas sur le dos de leurs chiens eux. Ils ne cherchent qu’à rentrer dans leur frais (largement gonflés soit dit en passant chez les non professionnels qui ne payent ni charges sociales, ni assurances et ne reversent pas la TVA).

Certes un professionnel se doit de faire perdurer son entreprise et de vivre de son travail. L’aspect économique est évidemment présent dans tous ses choix. Mais ériger en modèle plus honorable l’amateur, c’est oublier que le métier d’éleveur ne s’exerce ni à moitié ni à temps perdu ni dans un appartement.

Il faut bien comprendre que l’encadrement législatif a pour but de garantir l’absence de mal-être (à défaut du bien-être) chez les chiens qui reproduisent. On a trop souvent tendance à considérer qu’un chien vivant dans un foyer est plus heureux qu’un chien vivant dans un élevage. Or le bien-être dépend de la possibilité d’exprimer ses besoins comportementaux, de ne souffrir ni de peurs, ni de douleur, ni de détresse.  Vivre dans un foyer où tous les membres de la famille travaillent à l’extérieur équivaut à un isolement social et à un enfermement plusieurs heures par jour pour les chiens. Quid du bien-être ? Naitre dans un tel foyer équivaut pour un chiot à se développer en l’absence de toute supervision humaine selon les règles canines exclusivement. Quid du résultat sur le répertoire comportemental ?

Chez l’amateur ou le soi-disant amateur, qu’en est-il des infrastructures ? offrent-elles le confort nécessaire, l’hygiène indispensable, le minimum vital exigé par la règlementation? La règlementation impose 5 m2 minimum de logement avec accès libre vers une zone de détente extérieure et la détention en groupes sociaux. La cage plébiscitée par tant de propriétaires pour préserver leur intérieur est formellement interdite

La règlementation exige de la surveillance quasi continue, des vérifications quotidiennes, de la gestion de paramètres environnementaux en plus des interactions, de l’accès à des activités et du logement. Est-ce compatible avec l’emploi du temps de quelqu’un qui travaille à coté ? 

Cette règlementation sous-entend de la présence et du personnel qualifié à travers ces différentes directives. On en revient aux connaissances et au savoir-faire. Ces amateurs ou soi-disant amateurs sont-ils qualifiés ?

L’opposition professionnel/amateur est loin de garantir une meilleure qualité de vie aux chiens et de meilleurs soins aux chiots. De nombreux amateurs ne sont pas en mesure de faire le nécessaire. Ils n’ont pas les connaissances ni le savoir-faire. Ils n’ont pas les infrastructures. Souvent ils n’ont même pas le temps ou ne le prennent pas. Certains professionnels manquent aussi de connaissances et de savoir-faire cependant leurs infrastructures et leur temps est consacré à exercer leur métier ce qui évite les négligences et les erreurs de base. C’est au niveau de la direction qu’à pris la professionnalisation qu’il faut s’interroger et faire le bon choix. L’opposition professionnel/amateur éloigne du vrai problème qui est la disparition des petits élevages professionnels au profit de grosses structures pour le coup réellement préoccupées par la rentabilité.  S’il y a deux systèmes à opposer ce serait plutôt l’élevage industriel et l’élevage artisanal si on se préoccupe réellement de la qualité de vie des reproducteurs et de la qualité de la sélection et des soins.

 

Un métier qui suscite des vocations

 

Le métier d’éleveur est un métier de joies.

Il permet d’être auprès de ses chiens en permanence, de partager des moments privilégiés avec eux, de bénéficier de leur affection, de leur réconfort et parfois de leur protection à l’année. Il fait toucher du doigt le miracle de la vie à chaque naissance.

Il maintient connecté à l’essentiel, à la nature, à l’amour, à l’échange.

Il fait se sentir utile quand une famille s’émerveille devant son chiot, relate ses belles aventures, témoigne sa reconnaissance et fait partager son bonheur d’avoir un tel compagnon dans sa vie.

Mais le métier d’éleveur est aussi un métier de peines.

Outre tout ce que nous venons d’évoquer en matière de nécessité d’être formé et d’exercer à plein temps en conformité avec une règlementation, il est fait de tâches peu amusantes sur lesquelles il nous semble important d’insister sans tomber dans le pathos.

Disons le, le métier d’éleveur ce sont des heures et des heures de nettoyage quotidien. La serpillère et la pelle à crottes sont nos amies. Il n’est pas un jour sans que nous devions laver les couchages, les sols, les gamelles, pas un jour sans que nous devions préparer les repas et les distribuer, remplir les abreuvoirs, nous assurer que tout le monde va bien. Bien avant les câlins que nous aimons tant distribuer et les balades que nous aimons tant partager, il nous faut répondre à nos obligations de chef d’entreprise et de responsable d’un nombre relativement important d’animaux dont aucun ne doit souffrir de négligence. Cela prend du temps. L’organisation est de mise. Le respect des plannings est fondamental pour que justement il soit possible d’intercaler dans celui-ci des moments privilégiés. Et cela est rendu possible quand on est assez nombreux à se partager les tâches et quand on est conscient qu’on ne peut s’en affranchir.

MIs à part cela, le métier d’éleveur est aussi un métier à très forte charge mentale.

Il est fait de remises en question permanente, de déceptions (surtout sur le plan humain) et de chagrins. La perte d’un chien n’est pas un évènement rare. L’éleveur est en deuil fréquemment.

Le sentiment de trahison est son lot fréquent quand il se rend compte qu’on l’a dupé pour obtenir l’un de ses chiots et qu’en plus ce chiot tourne mal.

Les résultats escomptés pour lesquels il a mis tant d’énergie tardent souvent à arriver ou n’arrivent jamais. Il doit alors revoir tout son programme.

Il est l’objet de critiques continuelles provenant de tous bords. Son travail est perpétuellement jugé et mis en cause. Parfois il est même tenu pour fautif du devenir d’un chiot sur qui pourtant il n’a plus aucune influence depuis son départ. On exige de lui la perfection physique, la conformité comportementale, l’absence d’évolution négative comme s’il avait le super pouvoir de diriger et contrôler croissance et développement à distance.

Il est très souvent pris pour cible par les vétérinaire et les éducateurs. Il est jalousé par ses confrères, dévalorisé voire diffamé régulièrement.

Et que dire de son autre quotidien fait de temps passé à faire de la paperasse, à négocier avec les fournisseurs ou les banques, à répondre aux appels téléphoniques pour des renseignements, pour des conseils.

Oui le métier d’éleveur à un coté ingrat et rébarbatif. Il faut aussi le dire. C’est le lot de presque tous les professionnels, tous les chefs d’entreprise, à une différence prêt et non des moindres, ses collaborateurs ainsi que les fruits de son travail à lui vivent, ressentent et subissent si jamais l’éleveur faiblit ou faillit.

Il suscite de nombreuses vocations chez les jeunes qui n’y voient que les joies. Ces vocations doivent pouvoir résister à ces peines et ne jamais les faire subir à ses chiens. Le métier d’éleveur c’est tout cela et tout cela c’est H24, 7 jour sur 7 et 365 jours par an.

Nous avons choisi ce métier

 

Nous en sommes extrêmement fières. Nous le faisons avec conviction, dévouement et engagement. Chacun de nos chiot est l’occasion de renouveler nos voeux à ce métier. Souvent nous avons pensé arrêter. Les deuils et les déceptions ont maintes fois failli avoir raison de notre désir de contribuer au bonheur d’une famille.

Lorsqu’on voit où va l’élevage canin (industrialisation), lorsque l’on est confronté à la maltraitance, lorsque l’on constate certaines dérives, nous sommes peinées au plus profond de notre coeur. Notre métier est entaché. C’est un peu comme si nous étions entachées nous même.

Et comble de notre peine, nous faisons figure d’extraterrestres, de marginales puisque nous ne nous reconnaissons ni dans le modèle prôné par notre club de race ni dans celui défendu par les syndicats.

 

Si nous devions conclure, nous dirions juste ceci

Elever des chiens est enrichissant, prenant de l’ordre de la vocation à condition toutefois que cela génère une vraie plus-value. Il n’y a pas de sens à prélever ce que la nature est capable de donner sans intervention humaine. Il n’y en a encore moins à en tirer un bénéfice personnel financier ou glorieux si l’intervention va à l’encontre du bon sens ou du bien-être animal.

C’est un métier mal connu et du coup mal apprécié ce qui favorise les dérives. Nous espérons vous en avoir donné une vision plus précise qui vous aidera à distinguer entre un éleveur professionnel soucieux de ses animaux, investis dans ses tâches, faisant preuve d’une écoute attentive à vos besoins comparé à un naisseur ou à un producteur surtout s’ils sont clandestins.

La vérification des connaissances et du savoir-faire sont finalement ce qui garanti le plus d’avoir affaire au bon interlocuteur. Reste l’éthique à évaluer mais là c’est un peu une affaire de sensibilités personnelles. C’est tellement personnel que c’est probablement pourquoi aucun label n’a encore vu le jour. Figurez vous que même entre éleveurs nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur cette question d’éthique 😉

Illustration d'un aspect du métier d'éleveur

Des articles sur le sujet qui pourraient vous intéresser

Abandons, surpopulation dans les refuges : et si, nous, éleveurs, on prenait notre part de responsabilités ?

Abandons, surpopulation dans les refuges : et si, nous, éleveurs, on prenait notre part de responsabilités ?

Chaque année, à l'approche des fêtes et à l'approche des congés, les campagnes de sensibilisation à la surpopulation dans les refuges liée aux abandons rappellent à nos consciences de propriétaires que les chiens et les chats ne bénéficient pas tous des mêmes droits....

lire plus
Facebook
Instagram
Envoyer un email