Pourquoi un programme d’élevage des chiots ?

Chiots de 5 semaines en phase de familiarisation aux “petits” humains

Ce qui différencie un éleveur d’un simple naisseur ou d’un producteur sont ses connaissances et son savoir-faire en matière de sélection des parents et développement comportemental du chiot. Son but n’est pas de faire du profit mais de contribuer au projet d’adoption d’une famille. Son devoir est donc de tout mettre en oeuvre pour que cette adoption tienne ses promesses.

Le développement comportemental du chiot est grandement influencé par la génétique, le modèle maternel et l’environnement. Les premières expériences ont un impact indéniable. Il appartient à l’éleveur de veiller à ce que ces premières expériences soient profitables au projet d’adoption.

Sans véritable programme d’élevage, le développement comportemental du chiot est soumis aux aléas des expériences. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir l’élevage à la maison érigé en exemple comme si cet environnement solutionnait à lui seul toute la problématique de l’amitié avec l’humain, la sérénité, la pondération et la curiosité, ces caractéristiques recherchées chez le chien de compagnie. Rien n’est moins sûr même si grandir dans un salon au milieu d’humains prépare mieux à intégrer un futur foyer similaire que la monotonie d’un boxe aseptisé. Les expériences doivent être contrôlées et avoir des objectifs  : développer l’adaptabilité et la confiance en soi.

Notre programme d’élevage des chiots se fonde sur des données scientifiques ayant mis en évidence les causes des problèmes de comportement rencontrées par les familles. A l’origine de ces problèmes on trouve régulièrement des conditions de vie stressantes et hypo-stimulantes, un relationnel avec la maman et la fratrie ne tenant pas son rôle de source d’apaisement et d’interactions pédagogiques et des expériences avec l’humain ayant sensibilisé les chiens, c’est à dire ayant créé une représentation mentale négative de notre espèce suite à des expériences de peurs ou de douleurs.

Tout ceci explique pourquoi des chiots qui naissent dans des structures d’élevage se limitant à offrir un boxe et une courette en béton sans possibilités étendues d’exploration et de familiarisation au monde qui les entoure deviennent des jeunes ou adultes dits craintifs dès que l’environnement diffère de cette référence. Cela explique aussi pourquoi des chiots maintenus en vase clos, sans jeux variés à disposition et donc sans possibilités d’exprimer leurs multiples pattern moteur (morceaux de séquences comportementales) deviennent des jeunes ou adultes routiniers pour ne pas dire toqués de certains comportements à l’image des seuls comportements qu’ils ont pu entrainer avec leur mère ou leur frères et soeurs (souvent des jeux d’entrainement au combat ou à la prédation). Cela explique aussi pourquoi isolés trop tôt de leur mère ou de leur fratrie, certains chiots deviennent des jeunes ou adultes exubérants dans leurs comportements et/ou amputé de leurs possibilités de langage. A moins que la cause soit l’immaturité de la maman ou sa propre incapacité/impossibilité à enseigner les auto-contrôles à ses petits. Enfin cela explique pourquoi certains chiots deviennent des jeunes ou adultes qui fuient ou cherchent à faire reculer l’humain en dehors de leur zone d’inconfort en souvenir de leurs premiers contacts avec cette espèce. Le choix de l’élevage est important mais le choix de l’éleveur l’est tout autant car un bel élevage, bien équipé ne se suffit pas à lui seul, pas plus qu’une maman ou une fratrie semblant offrir toutes les garanties, ni même qu’une gentille personne douce avec ses chiens. Il faut la combinaison des 3 critères, la gestion la plus idéale possible de ces 3 critères et donc la connaissance des conséquences de chaque critère sur le développement physique et comportemental du chiot.

Nous savons que nous avons tendance à insister beaucoup sur l’importance du choix de l’élevage et de l’éleveur. A notre décharge, nous avons aussi la casquette de coach en relation humain/chien ce qui nous confronte à la triste réalité des conséquences de pratiques d’élevage délétères pour les chiens. Lorsque nous devons aider une famille à renouer avec un relationnel sain avec son chien, force est de constater qu’à la base ce sont presque toujours l’environnement de naissance, les interactions avec la mère, la fratrie et l’humain qui sont le terreau des comportements dits gênants. Viennent juste après les négligences ou erreurs en matière de socialisation, familiarisations et activités conjuguées ou non à des mauvais choix de méthode éducative. Mais là c’est un autre débat. Ce constat amer que certains élevages ou éleveurs sont à l’origine de la détresse d’un chien ou d’une famille par incompétence ou pire je-m’en-foutisme, est probablement ce qui nous motive le plus pour rester toujours à la pointe des connaissances dans le domaine de l’éveil du chiot.

Notions de références

Notre programme d’élevage des chiots a pour objectif de favoriser la confiance en soi et l’adaptabilité pour les raisons évoquées précédemment.

Il s’attache tout particulièrement à faire en sorte que l’environnement, le relationnel avec la mère et la fratrie et le relationnel avec l’humain, développe ces compétences. L’environnement et le relationnel ont un impact majeur sur les futurs comportements du chiot. Les premières expériences avec l’environnement et en matière de relationnel servent de références pour les expériences futures. Sachant que les premiers comportements productifs auront tendance à être reproduits, il est clair qu’il est préférable qu’il soit conformes aux attentes des familles. Rien n’est gravé dans le marbre certes et tout est plus ou moins modifiable grâce à la plasticité du cerveau mais c’est à condition que l’on puisse permettre des apprentissages favorables à la modification du répertoire comportemental. Les chiens sont une espèce particulièrement adaptable. C’est une chance compte tenu du rôle qui est le leur dans des foyers familiaux si divergents en matière d’environnement et en matière de relationnel.

Cependant partir d’un répertoire comportemental problématique en comptant sur la plasticité du cerveau pour parvenir à un chien serein et amical n’est pas donner à tout le monde. Seuls certains éducateurs-comportementalistes chevronnés s’y aventurent. Tout éleveur soucieux du devenir de ses chiots veillera à éviter ce mauvais départ dans l’existence et le risque de ne pas trouver de famille qui en découle. A l’inverse il cherchera à ce que se créé des bonnes références environnementales et comportementales. Cela facilitera d’autant l’intégration du chien tout en laissant libre cours aux apprentissages qui lui permettront de s’adapter parfaitement.

Impact de l’environnement

Au fur et à mesure qu’il se développe et prend conscience de l’environnement, le chiot se familiarise à cet environnement et le tient pour modèle. La notion de seuil de sensibilité est un des piliers de notre programme d’éveil du chiot. Nous cherchons à élever ce seuil de sensibilité afin que l’environnement futur soit appréhendé favorablement. Pour élever le seuil de sensibilité, c’est au niveau de notre environnement que nous oeuvrons. Celui-ci se rapproche le plus possible d’un foyer familial et propose de nombreuses stimulations auxquelles le chiot sera confronté en grandissant. Ainsi en partant de chez nous, le chiot est déjà habitué à bon nombre de sons, d’odeurs, d’objets et d’expériences qui seront son quotidien de chien de famille.

Impact du relationnel avec la maman et la fratrie

Au cours des multiples interactions avec sa mère et ses frères et soeurs le chiot acquiert puis développe sa socialité. Ces premières relations sociales sont à la base de ses futures relations sociales. Durant les soins, le chiot apprend comment se comporter et surtout comment communiquer pour obtenir la satisfaction de ses besoins. Il acquiert les codes de communication qui permettent de demander ou de répondre à une demande. Il acquiert également les auto-contrôles modérant l’intensité de ses actions, de l’inhibition de la morsure à la maitrise de ses déplacements. Pour aller dans le sens de l’acquisition de bons auto-contôles et des codes de communication, nous veillons tout particulièrement à ce que les mamans soient de bons professeures. Nous veillons également à ce que les interactions entre frères et soeurs ne soient pas limitées en variété et notamment en variété de jeux ce qui créerait une nouvelle fois un modèle d’interaction. Les fratrie qui n’ont accès qu’à des jeux de combat entres elles par manque de variété environnementale font forcément des fratries de petits combattants. Les mamans dénuées d’auto-contrôles ou sous l’emprise d’un stress chronique ne sont pas à même d’enseigner des compétences qu’elles n’ont pas ou ne peuvent utiliser.

Impact du relationnel avec l’éleveur (nous)

Nous sommes les premiers humains que le chiot rencontre. La nature de ces rencontres lui permet de se faire une représentation mentale de l’espèce humaine. La qualité des interactions est donc fondamentale. Sources de peurs ou de douleurs, les rencontres chiot/humain seront à l’origine d’une représentation mentale négative. A l’inverse, sources d’apaisement, de plaisirs, les rencontres chiot/humain seront à l’origine d’une représentation mentale positive. De cette représentation découle l’état d’esprit de confiance ou l’état d’esprit de méfiance. L’état d’esprit donne en quelque sorte le ton des futures rencontres. Si certains humains peuvent faire exception à la règle par leurs comportements c’est en partie sur le modèle de ses premières expériences avec l’espèce que le chiot appréhende les futures interactions. Nous faisons donc tout pour que la confiance s’installe ce qui permettra en outre le transfert d’attachement, les apprentissages et la coopération future.

Quelques particularités de notre programme d’élevage des chiots

Développer précocement l’adaptabilité

Nous suivons un protocole strict qui consiste à manipuler les chiots entre l’âge de 3 jours et 16 jours. Ce protocole connu sous le nom de ENS pour “Early Neuronal Stimulations” a été mis au point pour ses effets positifs sur les capacités futures d’adaptation. Il consiste à générer des mircro-stress une seule fois par jour et à raison de 3 à 5 secondes par exercice. Le résultat est une multiplication des connexions synaptiques au niveau des neurones.

Les ENS ont également pour effets d’améliorer l’immunité ce qui entre totalement dans notre programme de sélection de la meilleure santé possible.

Nous proposons ensuite la visite de différents environnements. A partir de l’âge de 4 semaines nous installons nos bébés dans une pièce d’éveil à raison de quelques minutes par jour. Dans cette pièce ils vont faire la connaissance de nouvelles textures, de nouvelles odeurs, de nouveaux sons et faire leurs premiers pas d’aventuriers.

Vient alors le moment de les emmener en extérieur découvrir encore un autre monde sensoriel. Toujours à raison de quelques minutes puis de quelques heures, nos bébés sont installés dans des parcs d’éveil où différentes activités s’offrent à eux sachant que chaque fois nous veillons à leur proposer des nouveautés.

Toutes ces manipulations et confrontations à des environnements riches et variés vont avoir pour effet d’enrichir leur base de données en matière de perceptions sensorielles et les inciter à exprimer de nouveaux comportements. Plus ils auront vécu d’expériences, plus ils auront de références. Cela leur permettra d’appréhender l’avenir avec une certaine connaissance du monde qui les entoure et surtout d’avoir appris à faire appel à leurs ressources. Evidemment nous veillons tout particulièrement à ce que ces découvertes soient vécues positivement. Il ne s’agit pas d’immerger nos bébés dans un environnement hautement stressant qui les sensibiliserait mais de leur proposer progressivement des expériences inhabituelles durant lesquelles ils découvrent leur potentiel d’action.

En compagnie de l’humain

Les manipulations sont forcément effectuées par nous même. Cela dit nous accompagnons également nos chiots lors de la découverte des nouveaux environnements; Ainsi nous posons les bases de la future relation avec l’humain qui deviendra, si cet exemple est suivi, source de sécurité et de développement personnel. Petit à petit d’ailleurs nous nous substituons à la maman pour le nourricier et l’hygiène afin de créer un attachement à notre espèce, base de l’amitié recherchée. Nous instaurons également des séances individuelles de jeu, le 4ème pilier de l’attachement.

Interactions canines pédagogiques

Nos chiots restent avec leur mère jusqu’à leur départ de l’élevage. Ainsi ils profitent le plus longtemps possible de leur enseignement de de leurs soins. Mais ils rencontrent également d’autres adultes afin de multiplier les apprentissages en matière de comportements sociaux. Lorsque l’occasion se présente, ils rencontrent également des chiens d’autres races afin de se familiariser avec des modes de communication variables et des faciès inhabituels. Ce sera d’ailleurs un travail à poursuivre jusqu’à l’âge adulte.

Réussir “l’union” entre le chiot et sa famille humaine d’adoption

Nous avons donné un petit nom à notre objectif en matière de reproduction et d’élevage des chiots. Nous l’appelons le PACSS pour Pondération, Amitié (sous entendu entre humain et chien), Curiosité, Sérénité et Serviabilité, ces caractéristiques généralement recherchées par les familles déjà évoquées plusieurs fois. C’est toujours plus facile d’avoir un moyen mnémotechnique pour se rappeler où on veut aller et celui-ci est particulièrement parlant si on considère sa similitude avec le contrat d’union civile. Nous considérons que l’adoption d’un chien est un peu comme une union entre un animal et une famille. La référence au PACS prend donc tout son sens a nos yeux.

Cependant un contrat d’union est à double sens. Il engage les deux parties. Notre PACSS est valable aussi pour la famille qui adopte un chiot à qui nous demandons d’offrir Protection, Assistance, Considération, Soins et Surveillance. Cela fait l’objet de plusieurs autres pages que nous vous invitons à consulter si votre visite est motivée par le désir d’adopter l’un de nos bébés à naître. Nous mettons d’énormes moyens en œuvre qui ne servirons pas à grand chose s’ils ne sont pas poursuivis. C’est pourquoi nous mettons autant de conditions à cette adoption et pourquoi nous sommes aussi prolifiques en termes d’informations et de conseils.

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