Eleveur canin, + qu’un métier, un sacerdoce.
Extrait d'un guide que nous fournissons à nos stagiaires (copie soumise à autorisation)
Technicien de surface, soigneur, diététicien, généticien, obstétricien, toiletteur, handler, comportementaliste, éducateur canin mais aussi standardiste, secrétaire administrative, commercial gestionnaire, comptable, … autant de professions que l’éleveur canin exerce à tour de rôle au quotidien..., passant de l’une à l’autre sans formalités comme il passe du terrain au bureau.
Eleveur canin, c’est donc un métier à « multiples casquettes » qui demande des connaissances approfondies dans des domaines aussi variés et opposés que la gestion d’entreprise et les soins aux animaux, un métier passionnant et enrichissant indissociable de l'amour et du respect des animaux, mais pour lequel cet amour et ce respect, aussi intenses et indéfectibles soient-il, ne suffisent pas pour être éleveur.
Les journées d’une douzaine d’heures avec permanence les 12 autres
se dénombrent par 365 dans une année.
Aucun domaine n’est négligeable.
Comme il est bien difficile d’être excellent en tout, un soutien familial s’avère souvent indispensable pour pouvoir déléguer certaines tâches aux membres de la famille et se consacrer pleinement à l’accomplissement des autres.
Fréquemment les élevages sont tenus par un couple dont l’un des deux travaille à l’extérieur pour assurer un revenu régulier au foyer et assume, en plus, un domaine qui lui convient.
Exemple : Madame assure la comptabilité et la gestion tandis que Monsieur s’occupe des animaux et de la vente.
A - L’éleveur sur le terrain
A – 1. L’entretien des locaux et du matériel
Une tâche fastidieuse, routinière mais d’une importance capitale car ayant des incidences sur nombre d’autres domaines.
Requiert la connaissance de :
la réglementation en matière d’hébergement des animaux (partie règles sanitaires)
des milieux favorisant les infestations et les contagions et les processus de propagation des microbes ou de reproduction des parasites afin de lutter contre avec des méthodes efficaces.
Comporte :
Le nettoyage quotidien et la désinfection des boxes, parc, …
L’emploi de la méthode "marche en avant" ...
Le nettoyage et la désinfection des ustensiles servant à l’alimentation, aux mise-bas,…
Le nettoyage et la désinfection du matériel de transport, des outils, des plans de travail
La désinsectisation et la dératisation
La tenue en bon état de toutes les surfaces et objets en contact avec les animaux.
Permet :
D’offrir aux animaux un environnement sain qui les épargne des risques de proliférations microbiennes et parasitaires.
De contribuer à la gestion de l’état de santé du cheptel
A – 2. L’alimentation des animaux
Un poste de taille par son coût et par ses retentissements sur l’état de forme du cheptel, qui aurait pu être inclus dans la santé et le bien-être, mais qui fait l'objet d'un paragraphe dédié tant il est fondamental.
Requiert la connaissance :
de l’anatomie du chien (système digestif, processus d’assimilation, etc.) et des différentes étapes de la vie avec les besoins correspondants
des types de nutriments avec leur affectation dans l’organisme et les besoins quotidiens.
de l’influence de l’alimentation sur l’état de santé
de la terminologie employée par les industriels pour indiquer la composition des aliments lorsqu'on opte pour ce type d'alimentation.
Comporte :
La préparation et la distribution après avoir choisi un type d’alimentation
En fonction :
du partenariat possible avec le(s) fournisseur(s) et des avantages qu’i(s) propose(nt)
des ingrédients composant l’alimentation (éléments nutritifs, valeurs énergétiques…) et des besoins éventuels en compléments
du rapport qualité/prix et du coût journalier par animal
des conditions de préparation et de distribution des rations
des possibilités d’adaptation aux besoins
du stockage et du rythme d’approvisionnement
Permet :
De pourvoir aux besoins énergétiques des animaux
De contribuer à la gestion de l’état de santé du cheptel
Dans un second temps, le moment de l’alimentation du cheptel permet également d’établir des relations entre l’homme et l’animal et d’observer les comportements.
A – 3. La santé et le bien-être des chiens
Un domaine qui nécessite le soutien d’un professionnel, le vétérinaire, et qui est intimement lié à l’entretien et à l’alimentation.
Requiert la connaissance :
de l’anatomie des chiens (appareils locomoteurs, organes vitaux, système immunitaire,…)
des méthodes de prophylaxie contre les maladies contagieuses
des symptômes des éventuels pathologies ou troubles
de la législation en matière d’hébergement des animaux (partie conception des locaux)
de l’influence de l’environnement sur l’état physiologique et psychologique des animaux
Comporte :
La vaccination
Le déparasitage interne et externe
L’entretien du pelage, des dents, des oreilles
La surveillance quotidienne et l’examen approfondi en cas de doute
Les visites chez le vétérinaire
La mise en place de mesures en cas d’apparition de maladies et la distribution des médicaments
Le contrôle de l’hygrométrie, de l’aération, de l’éclairage, de la température
L’éducation et la socialisation
Permet :
De maîtriser l’intégrité sanitaire et sociale du cheptel
D’offrir aux chiens un environnement confortable qui soit favorable à la reproduction.
Accessoirement, les contacts donnant lieux à soins entre l’éleveur et ses chiens et l’animal renforcent les relations de confiance qui les lient.
A – 4. La Reproduction
L’activité principale d’où proviendront les revenus. La reproduction doit faire l’objet de toutes les attentions afin d’atteindre la rentabilité nécessaire à la vie de l’exploitation.
Requiert la connaissance :
de l’anatomie des chiens (appareils génitaux, processus de reproduction, etc.)
de la génétique et des règles transmission des caractères héréditaires
du développement physique et cognitif des chiots
Comporte :
Le suivi des cycles de reproduction en vue de l’établissement des plannings de gestation
La détermination des périodes fécondes (saillies fructueuses)
Le suivi de la gestation
L’assistance à la mise-bas
Le suivi post-natal des mères et des chiots
L’élevage des portées (étape FON-DA-MEN-TALE pour la future santé physique et mentale des petits)
Les choix en matière d’accouplement
A – 5. Les expositions (facultatif)
Un domaine pouvant s'avérer intéressant car les expositions sont un potentiel outil de sélection et de promotion.
Requiert la connaissance :
Du standard de la race élevée
Des lignées « traceuses »
Des critères de jugement
Comporte :
La préparation physique et technique
La présentation
Permet :
D’opérer des choix en fonction des résultats et des commentaires des juges
D’effectuer une comparaison entre sa production et celle des concurrents et de se situer sur le plan national au niveau qualitatif
De choisir les reproducteurs de visu
De prendre connaissance des programmes d’éradication des différentes tares et les consignes d’élevage dictées par les clubs de race
De construire la notoriété de l’élevage
Déjà à ce stade, la quantité de compétences à posséder est immense. Outre cette quantité, il faut être conscient que les compétences doivent faire l'objet d'une constante remise à niveau car dans le domaine du vivant la connaissance évolue sans cesse.
L'éleveur est donc "condamné" à être un perpétuel étudiant.
B - L’éleveur au bureau
B – 1. La gestion des stocks
Un poste à responsabilités qui ne souffre aucune négligence.
Requiert la connaissance :
Des articles disponibles à l’élevage
Des conditions optimales de stockage pour chaque type de produit
Comporte :
La gestion du roulement des stocks (respect des dates de péremption, durées de stockage)
Les inventaires
Les commandes
La vérification des livraisons (contrôle des bons de livraison, répartition…)
Permet :
De disposer d’un stock toujours « consommable » , de repérer les invendus et donc de limiter les pertes
De surveiller la consommation interne
De contrôler les ventes externes
B – 2. L’aspect administratif et commercial
Un domaine important nécessitant un suivi régulier, de la méthode, de l’organisation et de la constance.
Requiert la connaissance :
Des diverses réglementations
Comporte :
Les déclarations de début d’activités (Préfecture, centre de formalités des entreprises, MSA, etc.)
La correspondance avec les administrations (DSV, MSA, Centre des Impôts, Mairie, Société Centrale Canine, etc.)
Le classement
La négociation avec les représentants
Les déclarations de saillie, déclarations de naissance, demandes d’inscription des portées, cessions des droits d’élevage
La correspondance avec la clientèle (envoi des certificats de naissance, etc.)
Le contentieux
La tenue des registres (livre des entrées et sorties, livre sanitaire) et autres obligations règlementaires (Règlement sanitaire, visites vétérinaires, etc.)
La prise de Rendez-vous
Permet :
D’être en règle avec la législation sur le plan administratif et fiscal
De pourvoir à l’inscription au LOF des portées
La gestion des nombreux documents
La maîtrise de l’emploi du temps
B – 3. La vente
Le Domaine vital de l’exploitation puisqu’il concrétise enfin tout le travail réalisé.
Requiert :
des compétences commerciales telles que l’aisance dans la discussion, des capacités d'analyses des besoins, la parfaite connaissance des son "sujet",
Une grande disponibilité et des qualités d’écoute
Comporte :
Le contact avec la clientèle
La maîtrise des outils de communication (répondeur, fax, téléphone fixe ou portable, email)
Les visites et la réception de la clientèle
La présentation des chiots destinés à la vente
L’établissement des documents légaux et des documents annexes
B – 4. La comptabilité
Domaine primordial et aux conséquences désastreuses s’il est négligé. Un des rares domaines où l’aide extérieure est indispensable
* tâches pouvant être confiées à un expert ou un centre de gestion
Requiert :
de solides bases en comptabilité et notamment la maîtrise de la technique comptable
Comporte :
Le classement et la numérotation des pièces comptables *
La saisie des pièces comptables (factures achats et ventes, paiements et encaissements) *
Les déclarations de TVA *
Permet :
D’établir les bilans et comptes de résultats et les déclarations au Centre des impôts et à la MSA *
De fournir statistiques et calculs de rentabilité * les indispensables outils de gestion
De prendre conscience de la réelle situation économique de l’entreprise et de prendre les mesures nécessaires à l’amélioration ou au maintien des résultats
B – 5. Le suivi clientèle
C’est le service après vente. Ce domaine est inévitable et ne doit pas être dédaigner car outre au fait qu'il peut nuire aux ventes futures s’il fait l’objet de critiques, il représente une risque majeur de procédures judiciaires (devenues à la mode depuis qu' "on" estime que l'éleveur a obligation de résultats en plus de l'obligation de moyens).
Requiert :
La connaissance de la législation en matière de vices rédhibitoires, vices cachés, conformité à l'usage ...
Comporte :
La tenue d’une base de données clients
Le suivi client (réception, diffusion de conseils, accompagnement en termes de soins et d'éducation, etc.)
Permet :
D'entretenir des bonnes relations avec ses clients et notamment de rester leur conseiller privilégié
De suivre ses petits et d'ajuster sa sélection, ses soins et toutes les mesures ayant une influence sur leur santé et leurs comportements en conséquence
De consolider l’image de sérieux de l’entreprise
accessoirement de bénéficier d’une publicité gratuite dans l’environnement de la clientèle
B – 6. La publicité
Très liée à la vente, elle fait le lien entre les acquéreurs potentiels et l’élevage. Elle doit être adaptée aux besoins et faire l’objet d’une attention particulière.
Requiert :
la maîtrise des outils de communication
des connaissances en termes de législation dans ce domaine
Comporte :
La promotion ponctuelle en vue de la vente des portées
La promotion de fond
Permet :
De faire connaître les disponibilités de l’élevage (vente directe de la production)
De faire connaître l‘élevage
De construire son image
Dans la publicité, il faut inclure aussi la maîtrise de la réputation. Celle-ci est un allié de poids pour l’éleveur si tant est qu'elle soit bonne. Elle lui apporte à domicile une clientèle convaincue déjà sensibilisée à sa philosophie. A l’inverse, elle peut s’avérer un ennemi redoutable qui sera à l’origine de relations suspicieuses avec la clientèle, obligeant souvent l’éleveur à un effort publicitaire plus important et à des concessions tarifaires pour combler les retards de vente. Ces mesures entraîneront une perte de la rentabilité. Pour ces motifs, la réputation mérite de faire l’objet d’une vigilance accrue d’autant qu’elle est sous influence de nombreux tiers pas tous bien intentionnés : clientèle insatisfaite mais aussi concurrence et prestataires de services animaliers s'octroyant à tort ou à raison le droit d'émettre un avis. Une réputation dégradée peut littéralement compromettre l'activité même si elle est pratiquée correctement !