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Se réconcilier avec l’éducation canine
Isa.valcreuse 23 juillet 2016

Régulièrement lorsque que je discute avec des propriétaires de chiens je fais un triste constat: L’éducation canine est vécue comme un passage obligé mais n’a pas la finalité escomptée. Beaucoup de temps passé pour un résultat imparfait, voire contraire. Parfois, l’expérience est carrément devenue traumatisante (cas de maltraitances malheureusement fréquents lorsque le moniteur est un adepte des méthodes coercitives). La plupart du temps elle est devenue lassante, décevante au point d’être abandonnée, personne, ni chien ni maître, n’y prenant du plaisir.

Lorsque l’on se place du point de vue du chien, le constat n’est pas plus heureux. Lui qui ne voulait que s’intégrer à son nouveau groupe familial tout en satisfaisant à ses besoins propres, il a vite été confronté à des dilemmes, des choix où il était de toute façon quelque part. Pour ne pas y laisser trop de poils il s’est adapté tant bien que mal, a trouvé des moyens pour gérer tout le stress ressenti pendant son éducation, puis au contact de son maître désormais fâché ou amer. Il a trouvé son équilibre dans le meilleur des cas, non sans devoir jouer au funambule en permanence ; parfois il s’est tout bonnement résigné car au final rien n’est plus important à ses yeux que cet homme, ou cette femme, même s’ils ne se comprennent pas ; d’autres fois, ses émotions ont été si intenses qu’il n’a eu d’autre issue que de réagir avec ses armes, en fuyant ou en se défendant. Dans ce dernier cas, cela a pu lui être fatal, il a perdu sa place dans le foyer sans comprendre ce qui lui arrivait, tout simplement car ça, la rancune, ça n’existe pas dans le monde des chiens.

Pourtant à la base, ce n’était pas ça l’idée !


Comment faire pour ne pas en arriver là ?

 

Et bien grande nouvelle, il suffit de changer de moniteur/de club/de méthodes ! car s’il y a bien quelque chose qui provoque la lassitude des maîtres (ceux sans ambition de compétition) et la détérioration des relations Homme/animal, c’est la façon de faire. Dites vous que vous avez été mal conseillé et n’avez pas rencontré les bonnes personnes. Pour se réconcilier avec l’éducation canine, il suffit de cesser de la considérer comme une joute mais au contraire comme une occasion et un moyen de consolider le lien et d’améliorer la compréhension mutuelle. Si effectivement l’un de ses objectif est d’instaurer des règles de cohabitation qui garantissent la sécurité et la sérénité du groupe familial sa finalité est le bien-être de tous les membres de la famille, chien compris.

Pour y parvenir, il y a quelques incontournables : déjà il faut apprendre à davantage penser chien. Penser chien, en l’état actuel des connaissances est un peu présomptueux car nous en sommes à la préhistoire de l’étude des comportements et des motivations. Mais nous ne sommes pas non plus totalement ignorants. On connaît une partie des us et coutumes des canidés, on les sait grégaires (vivant en groupe par nature), prédateurs (chassant par nature), sentients (ressentant des émotions et étant animé par le désir de vivre) et paisibles (privilégiant la paix par nature). C’est pourquoi, au final, ce qui doit guider dans le choix d’un accompagnateur en éducation canine (un coach pour reprendre un terme très à la mode) est avant tout son ouverture d’esprit et sa curiosité vis à vis des nouvelles découvertes dans le domaine. Ses méthodes doivent tendre vers ce qui respecte au mieux  l’animal et lui correspond.

Il faut également respecter ses besoins et faire en sorte qu’ils soient comblés. Un chien frustré n’est absolument pas en mesure d’apprendre ni de se plier à des règles qui n’ont pas de sens pour lui à la base. Ces besoins sont simples : un chien a des besoins alimentaires (incluant la quête de l’alimentation, une activité normalement très prenante à l’état sauvage), des besoins exploratoires, des besoins locomoteurs (en lien avec les autres activités) et des besoins sociaux. L’autre bonne nouvelle est que l’on peut utiliser ces différentes motivations comme “récompenses” dans le cadre d’une éducation au renforcement positif.

Il faut ensuite cesser de lui prêter des intentions qu’il n’a pas. Là c’est souvent un peu plus délicat car le propre de l’Homme est de se projeter sur autrui. Une solution simple consiste à considérer que les sentiments ne font pas partie du répertoire canin ou qu’ils ne peuvent être de toute façon que personnels à celui qui les éprouve. Ainsi on en finit avec les “Il se sent coupable”, les “il m’en veut, il me fait payer mes absences” et autres interprétations erronées car fondées sur ce que nous même aurions éprouvé dans des circonstances similaires.

Une autre chose importante qui améliore grandement les relations Homme/chien est d’arrêter de croire à ce mythe basé sur un artéfact  que le chien se comporte comme un loup selon une hiérarchie pyramidale avec un alpha au sommet !!!! Déjà il n’existe aucune hiérarchie inter spécifique (entre espèces différentes). De plus il n’y a conflit entre deux protagonistes que s’il y a compétition. Quel humain saint d’esprit se mettrait en compétition avec un chien ? et pour quoi ? pour quelle ressource ou quel privilège ? il faudrait qu’ils aspirent aux mêmes choses et ce n’est pas le cas.

Pour se réconcilier avec l’éducation canine, il faut donc faire table rase des croyances infondées et de la terrible tendance au spécisme qui conduit à considérer l’animal comme un ennemi, (ce prétexte à l’utilisation de techniques brutales et d’engins de torture pour se donner l’illusion d’une supériorité). Il faut tenter l’expérience de la non violence.

Car au final ce qui compte vraiment c’est que le chien se sente serein et en sécurité en toutes circonstances au sein de sa famille, c’est que le chien apprenne comment bien se comporter – et pas seulement à respecter des interdits – et c’est qu’il l’apprenne de façon ludique et agréable pour le bien-être de tous.

Tout est affaire d’état d’esprit et de priorités, en l’occurrence donner la priorité au maintien de la confiance entre Homme et chien. Pour se réconcilier avec l’éducation canine il ne faut ni plus ni moins que de la bienveillance, surtout vis à vis de l’immaturité d’un jeune qui est en double formation (apprentissages des comportements + compréhension de l’humain), il faut se rappeler pourquoi on a adopté un chien : était-ce pour se fabriquer des problèmes, jouer au tortionnaire ou pour donner et recevoir de l’affection, partager des moments heureux ? et ne jamais perdre cela de vue ! aucune violence n’amène la paix, aucune contrainte n’amène la joie, aucune frustration n’amène le respect et la collaboration.

Vous avez arrêté d’éduquer car vous pensiez que votre chien était têtu, peu reconnaissant, peut-être même stupide et bien après quelques séances guidées par de bons professeurs vous vous apercevrez que le problème ne venait pas de lui. Il existe de vrais éducateurs qui n’ont pas d’humains que l’appartenance à l’espèce, des personnes soucieuses du bien-être de votre compagnon et par extension du vôtre en sa compagnie. Ils vous expliqueront ce qu’est le renforcement positif, une méthode non violente d’éducation. Ils vous en montreront les effets spectaculaires et durables. Ils vous enseigneront surtout l’art d’être le meilleur ami de son chien une magnifique expérience, croyez moi, que l’éducation canine permet de vivre.

 

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