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Vous avez dit école pour chiots ?
Isa.valcreuse 9 septembre 2017

Partout, ici compris, on vous conseille de socialiser et de familiariser votre chiot. Rien ne semble pire que de l’élever dans une bulle sans contact avec des inconnus congénères et humains, sans habituation à des environnements variés, des manipulations et évidemment sans dressage. Enfin rien, si ! il y a pire et on va y venir.

Quelqu’un a donc eu l’idée d’inventer un modèle de structure et de l’implanter … dans les clubs d’utilisation. Est née l’école du chiot®.

 

La socialisation consiste en quelques mots à permettre l’acquisition des “bonnes” règles de conduite avec autrui

La familiarisation consiste en quelques mots à habituer à tout ce qui peut impacter négativement l’état émotionnel du chien dans le présent et dans le futur

Le dressage consiste en quelques mots à inculquer la compréhension du sens des ordres, susciter la motivation à y obéir afin de disposer d’un moyen fiable de contrôler les comportements du chien ou de lui demander d’en adopter qui nous seront utiles.

 

L’idée, somme toute assez bonne au départ, était de sensibiliser les propriétaires à ces impératifs (quoique le dressage ne soit pas un impératif) et de leur donner les moyens de mettre en place des bases garantissant une meilleure adaptation de l’animal à son environnement pour le moins non naturel et totalement dédié aux humains, bases permettant de se projeter dans une relation harmonieuse et satisfaisante.

 

Question : Satisfaisante équitablement ? parce qu’à la lecture du protocole, pas sûr que le chien rentre en douceur et avec plaisir dans la peau du condamné à la soumission :-/

 

En 2002, la commission CENAC (Commission Nationale d’Education et d’Activités Cynophiles) de la SCC (Société Centrale Canine) s’est à son tour emparé du sujet et à créé les écoles des chiots. L’école du chiot® étant une marque déposée, juste une petite nuance à été apportée au niveau du titre.

La SCC étant l’organisme de tutelle des clubs d’utilisation, ceux-ci pouvaient désormais compter sur un protocole issu de la réflexion d’une commission et non d’une seule personne. Grand bien leur a pris car la notion de hiérarchie omniprésente dans le modèle de structure et d’ateliers de l’inventeur a été gommée.

 

Questions : La SCC ne sort elle pas de ses attributions ? Quelle formation reçoivent les personnes en charge d’encadrer ces écoles ?

 

Malgré ces interrogations, tout ceci reste quand même assez prometteur sur le papier en plus d’être à la portée de tous pour un tarif défiant toute concurrence comparé aux prestations d’un professionnel. On serait bien tenté de conseiller les écoles des chiots et je crois d’ailleurs l’avoir fait pendant des années.

 

Alors pourquoi autant de dégâts ? Pourquoi autant de chiots marqués au fer rouge après leur passage par ces structures ? Ceux qui restent chez eux sont certes sensibles mais pas sensibilisés !

Généralement la sensibilisation se produit lorsque la confrontation à une situation affecte fortement l’état émotionnel (peur) au point que celui-ci ne génère que des besoins irrépréhensibles de distance par la fuite ou l’agression. Que la fuite ou l’agression sont possibles ou non, ce qui déclenchent les fortes émotions est automatiquement mémorisé comme dangereux ce qui ultérieurement déclenchera des comportements de fuite ou d’agression préventifs. Le principe de l’immersion (confrontation sans possibilité de fuite ou d’agression jusqu’à ce que se produise une habituation) a depuis longtemps montré ses faiblesses. Ca passe ou ça casse et ça casse très souvent pour ne pas dire presque tout le temps car si cela donne l’illusion de passer vis à vis de la situation, qu’a t’on appris par ailleurs au chiot ? que son “maître” ne tenait pas son rôle de garant de sa protection et de son bien-être ? On avait pas parlé de relation harmonieuse et satisfaisante ? La perte de confiance est-elle satisfaisante ?

 

N’y aurait-il pas un soucis au niveau de la formation des personnes en charge d’encadrer ces structures ? Ne leur manque t’il pas un pan de connaissances en matière de comportements et de ce qui affecte profondément et durablement ceux-ci ?

 

Certes, on ne peut pas leur en vouloir, ce sont des bénévoles. Sauf que ces bénévoles posent les bases sensées garantir l’adaptation de l’animal à son environnement. Ils contribuent donc à la construction de la personnalité canine avec laquelle les propriétaires mais également la société va devoir vivre ! C’est juste FONDAMENTAL comme influence !

Transposé à l’éducation des enfants – des êtres vulnérables parfaitement comparables aux chiots en termes de capacités à gérer leurs émotions – imaginez un peu les choses. On les amène dans une structure, on les lâche au milieu des autres et on les laisse se débrouiller entre eux sous prétexte que ce sont des enfants et qu’ils ne font que jouer. On n’intervient que si ça dégénère (Quid de la frontière entre acceptable et non acceptable ?). A coté de ça on les manipule, on les passe de mains en mains. Tout ceci sans se soucier de leur ressenti que l’on cherche éventuellement à modifier par l’apport d’un jouet ou d’un gâteau (???). Combien de parents laisseraient leurs enfants dans ce genre d’école ? et s’il y en a dans quels buts ? les endurcir ? les rendre combatifs  ? Exactement ce que l’on veut voir émerger chez un chien, n’est-ce pas ! Et combien de parents confieraient ces premiers apprentissages qui vont conditionner toute la vie future de leurs enfants à des bénévoles, parce que c’est aussi un problème de taille, des bénévoles n’ayant aucune obligation de moyens et n’offrant comme garanties que leur formation de quelques journées dispensées pour obtenir leur “habilitation” et leur expérience personnelle de propriétaires ou … d’utilisateurs ?

La construction d’une personnalité ne se résume pas à conditionner les comportements

Conditionner les comportements appartient à l’éducation canine mais un éducateur digne de ce nom doit en connaître et en maîtriser au minimum les tenants et les aboutissants autant sous l’angle fonctionnel (rôle des comportements) que structurel (supports internes des comportements) tout cela en y intégrant la variable propriétaire. Lorsque cela fera partie de la formation des “éducateurs” canins bénévoles, pourquoi pas leur faire confiance à condition bien sûr qu’ils engagent leur responsabilité d’intervenants comme le font les professionnels.

 

D’ici là, avant de vous en remettre à une quelconque structure bénévole ou professionnelle (car nombre de professionnels ne sont pas en reste du coté des carences), évaluez la qualité du service qui est proposé :

  • est-il sécuritaire pour votre chiot ou risque t’il de créer des peurs, des pertes de confiance ?
  • est-il d’un réel intérêt pour compléter votre éducation quotidienne ?
  • offre t’il des vraies perspectives d’épanouissement et de développement cognitif à votre chiot, des occasions avantageuses de variations d’activités ?
  • vous sentez-vous en adéquation avec les valeurs et les méthodes prônées au sein de la structure ?

 

A défaut restez chez vous et pourvoyez vous même à la socialisation, aux familiarisations, au développement cognitif.

 

Ce n’est pas si difficile avec les bons conseils et un peu de débrouillardise de créer les situations idéales aux apprentissages fondamentaux.

 

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