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On fait le point sur la notion d’obéissance
Isa.valcreuse 25 janvier 2018

L’attente la plus fréquente, pour ne pas dire systématique, des propriétaires d’un chien est l’obéissance.

Déjà on pourrait se demander pourquoi cette attente, en quoi l’obéissance du chien rassure t’elle ? Peur de quoi s’il n’obéit pas ? quel besoin de contrôle ? …

Mais ce qui va nous intéresser ici est à qui/quoi le chien obéît.

Je ne vais pas trahir un secret en disant que le chien obéit à son cerveau, à son centre de commande et … pas à un tiers comme on aurait tendance à (vouloir) le croire. Nul tiers n’est en mesure de déclencher directement un comportement. Tout se passe dans la boite crânienne de votre compagnon.

 

L’obéissance du chien

 

Déjà entendons nous bien, le propriétaire fait partie de l’environnement et le leitmotiv de n’importe quel être vivant est de s’adapter à cet environnement pour s’y maintenir en vie. C’est le truc à ne jamais oublier.

Pour se maintenir en vie, un être vivant doit satisfaire ses besoins physiologiques, ses besoins comportementaux ayant eux même pour but de satisfaire ses besoins physiologiques, évidemment ses besoins sécuritaires et des besoins cognitifs ayant pour but de développer ses compétences.  A cela s’ajoutent les besoins sociaux notamment pour les espèces grégaires dont le chien fait partie, ses besoins sociaux ayant eux aussi pour but de satisfaire ses besoins physiologiques, comportementaux, sécuritaires et cognitifs.

⇒ ce sont ces besoins qui vont “conditionner” les différents comportements que le chien va exprimer et cela grâce à un système particulièrement efficace d’analyse (lui aussi dans le cerveau) qui indique à l’animal qu’il FAUT rétablir l’équilibre. On parle de retour à l’homéostasie physiologique et à l’homéostasie émotionnelle.

Imaginez que des voyants rouges s’allument si cela peut vous aider.

 

Revenons à l’obéissance et re situons là dans ce nouveau concept.

L’obéissance consiste à répondre favorablement à une demande/exigence/règle d’une entité faisant autorité. Lorsque l’on recherche l’obéissance de son chien, on cherche à devenir cette autorité afin que nos demandes/exigences/règles reçoivent une réponse favorable, en l’occurrence déclenche le comportement que nous escomptons.

 

L’autorité suprême, la seule qui a le pouvoir de déclencher ou de stopper un comportement, est le cerveau.

 

Le problème c’est qu’on ne contraint pas un cerveau. Un cerveau on le convainc.

Quelques exemples pour bien comprendre comment cette autorité entre en jeu

Bébé chien a besoin de se soulager la vessie ou les intestins car des indicateurs sont au rouge (niveau de stockage maximum atteint) -> il y a danger physiologique à ne pas satisfaire ce besoin -> il se soulage au moment où son cerveau lui commande de le faire, là où son cerveau lui commande de le faire, c’est à dire loin de son couchage car il y a danger physiologique à dormir dans ses excréments et ses urines.

Du coup pour que bébé chien devienne propre selon notre conception d’humain, on va devoir tenir compte de ses capacités à se retenir mais également du lieu où le cerveau estime que c’est correct de faire, loin du couchage, pour lui proposer un lieu où c’est encore plus correct de faire, dehors, en rendant ce nouveau lieu plus avantageux : on récompense le pipi/caca dehors. Bébé chien obéit toujours à une commande de son cerveau mais la commande a juste un peu changé grâce à notre intervention.

 

Autre exemple. Bébé chien a besoin d’enrichir sa base de données sur son environnement car sa sécurité actuelle et future en dépendent. Plus il saura à quoi s’attendre, plus il sera capable d’anticiper, plus il sera en mesure de veiller sur lui, de trouver ses ressources, d’exprimer le comportement le plus adéquat qui ne le mettra pas en péril ou lui apportera satisfaction. Son cerveau lui commande donc de prendre le maximum d’informations sur cet environnement pour qu’il puisse les classifier.

Du coup pour que bébé chien nous accorde un peu d’attention au moment des sorties dans de nouveaux environnements il convient déjà de lui laisser le temps de prendre ces informations, de les classifier, au même titre qu’il convient d’éviter de le confronter à des situations à risques car les éléments recueillis seront associés à un danger. Une fois les informations vitales recensées il y a fort à parier que nous redeviendrons intéressants.

 

Dernier exemple. Bébé chien est animé par le besoin d’interagir avec d’autres chiens comme lui pour développer son répertoire de comportements sociaux. Son cerveau lui commande d’aller vers ces autres chiens et d’expérimenter les comportements qu’il a déjà appris, de vérifier leur efficience et éventuellement d’en essayer d’autres afin que son cerveau puisse mettre au rebus de ce qui ne fonctionne pas ou s’avère contreproductif et mémoriser ce qui au contraire est efficace. Souvenez-vous les besoins sociaux sont fondamentaux pour les espèces grégaires parce qu’ils permettent de satisfaire les autres besoins vitaux (physiologiques et sécuritaires). Il est donc totalement utopique de croire que vous passerez avant eux sans avoir fait l’effort de vous être rendu particulièrement attractif et pour cela aucune autre solution bientraitante que de lui donner des occasions de contacts variés lui permettant de parfaire sa communication. Lorsque bébé chien aura fait le tour de ce sujet prioritaire la première année de sa vie, il y accordera moins d’intérêt.

 

Dans toutes ces situations, ce qui a fait autorité est le cerveau lui même répondant aux impératifs de survie de l’individu et de l’espèce. En aucun cas le chien ne s’est comporté pour vous contrarier et encore moins pour vous défier.

Avec un peu d’entrainement et les bonnes connaissances, vous parviendrez rapidement à savoir ce qui se trame dans le cerveau de votre chien et donc A QUOI IL OBEIT à un instant T.

Et si vous n’y arrivez pas, sachez qu’il existe des gens formés et compétents pour vous servir d’interprète.

 

Là où je veux en venir c’est qu’en admettant ce fonctionnement somme toute normal et légitime (c’est d’ailleurs aussi le nôtre), vous vous rendrez aussi compte qu’il est inutile de s’obstiner à chercher l’obéissance absolue et immédiate du chien aux ordres ou aux attentes des humains.

Il est bien plus malin de chercher à modifier le point de vue du chien sur son environnement et de chercher à faire entrer nos consignes dans ses priorités.

 

L’éducation du chien à l’obéissance

 

Nous avons vu que le chien obéit à son cerveau. Nous avons vu que son cerveau lui commande d’exprimer des comportements répondant aux impératifs de survie de l’individu et de l’espèce en fonction des informations qu’il reçoit sur l’environnement, en fonction des informations qu’il reçoit sur les différents niveaux internes et de ce qu’il a mémorisé en situation similaire ou à défaut en situation proche.

C’est là qu’entre en jeu dans cette explication la notion fondamentale de ressenti et d’émotionnel car ils sont ce qui permet au cerveau de classifier les informations, de modifier le répertoire comportemental (de l’adapter) mais également d’inhiber certains comportement (les stopper) ou de les amorcer selon les besoins en jeu et les circonstances qu’offrent l’environnement, en bref CE QUI EDUQUE.

Lors de toute interaction, et l’éducation est une interaction,, on agit en connaissance de cause ou sans s’en rendre compte au final à plusieurs niveaux :

→ On agit sur l’environnement du chien dont on fait partie. Notre présence modifie totalement la donne surtout si elle source de “stress” (Δ le stress n’est pas forcément négatif) car notre présence va de pair avec des souvenirs, des attentes inconscientes, des demandes et un état émotionnel contagieux. Notre présence a donc pour conséquence d’impacter le ressenti et les émotions du chien, ces perceptions qui vont permettre au cerveau de ranger les informations reçues dans les cases danger, plaisir, neutralité, douleur, satiété … C’est ainsi que naissent les craintes ou les attraits pour un lieu, un objet, une personne etc.

→ On agit sur le résultat des comportements du chien en les récompensant ou en les punissant ce qui a également pour conséquence d’impacter son ressenti et son émotionnel, ces perceptions qui vont permettre au cerveau d’étiqueter les comportements en inutiles, utiles, contreproductifs … C’est ainsi – et c’est le but recherchée par l’éducation – que se reproduisent certaines actions tandis que d’autres disparaissent.

→ On agit aussi sur ses fameux niveaux internes cités plus haut (faim, soif, température corporelle, déchets …) ce qui a pour conséquence de modifier en permanence les signaux reçus par le cerveau et de modifier en conséquence les priorités. Par exemple, si  le niveau d’énergie baisse, le cerveau commandera à certaines fonctions de se mettre en mode économie. C’est ainsi que changent les motivations.

Tout ceci donne une idée du champ d’action en matière d’éducation.

 

Obtenir “l’obéissance” de son chien est finalement extrêmement facile lorsque l’on appuie sur les bons leviers que sont l’attrait, le renforcement positif pour obtenir la reproduction et la punition négative pour obtenir la disparition d’un comportement (voir ici des explications plus détaillées) et la bonne motivation au moment de l’interaction.

Cela se complique évidemment lorsque l’on se mélange les pédales comme le font les novices (mais on leur pardonne tant qu’ils cherchent à se former) ou les mal intentionnés qui aiment inspirer la peur, punir positivement (voir à nouveau les explications détaillées sur la punition positive) ce qui les obligent à instrumentaliser les motivations pour  garder la main mise sur les commandes.

Cela se complique aussi pour ceux qui abusent des leviers attrait, récompense et motivation. Enfin là ce n’est pas à leur niveau que cela se complique car eux se bercent dans l’illusion d’une dévotion qu’ils mettent au crédit de leur carisme ou de je ne sais quoi mais c’est au niveau de leur chien quand ce dernier n’est plus capable de s’écouter et se met physiologiquement en danger (accroc au travail, au jeu… jusqu’à la blessure ou l’épuisement).

C’est là qu’il faut se poser les bonnes questions la maltraitance n’étant jamais loin quand on perturbe les équilibres.

En matière d’interaction et d’éducation, il faut savoir raison garder car le fonctionnement du cerveau est sujet à dérèglement. Cela ayant déjà fait l’objet de plusieurs articles ce ne sera pas à nouveau abordé ici sauf pour rappeler que jouer avec les neurotransmetteurs que sont l’adrénaline et la dopamine n’est pas sans risque.

On franchit la ligne rouge très vite avec le circuit de la récompense notamment quand le plaisir fait oublier l’écologie comportementale. Ce dont il s’agit alors c’est de manipulation mentale.

 

Protéger son compagnon de certains dangers peut nous autoriser à procéder à ce genre de conditionnement à condition que cela se limite à chercher à le protéger mais est-ce bien la motivation des propriétaires quand ils visent l’obéissance ? (on en revient à la question du départ, pourquoi)

Ce qui protège réellement un individu des dangers qu’il court dans son environnement ce sont des connaissances et la bonne utilisation de celles-ci. Il est clair que dans ce domaine on a du pain sur la planche avec nos loulous car leur environnement est non naturel et de surcroit peut tolérant vis à vis de leurs erreurs. Mais c’est un défi autrement plus intéressant que de robotiser les chiens.

Enfin, c’est mon avis et la seule légitimité que je trouve à essayer de leur donner une éducation 😉

 

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